Le Vallon
du Fournel, beau vallon
glaciaire suspendu, débouche sur la vallée de la Durance
en aval immédiat de l'Argentière
par des gorges profondes
- appréciées des adeptes de canyoning -
taillées dans un verrou de quartzite, grès siliceux très dur, barrant le bas de
la vallée.
La forte érosion
torrentielle a dégagé les filons de plomb argentifère contenus dans la
quartzite. Les romains les connaissaient déjà mais ils ont surtout fait la
fortune de
l'Argentière au Moyen Âge,
lui donnant son nom. Le
château médiéval d'Urgon
à la sortie des gorges rappelle l'importance stratégique des mines comme
"symbole de richesse, de pouvoir économique et de puissance politique" (Bailly-Maître).
Ensuite, le cortège de difficultés du XIVe siècle semble avoir
entraîné l'arrêt de l'exploitation qui ne reprit vraiment qu'au XIXe
siècle. L'exploitation est alors industrielle employant jusqu'à 500 personnes,
mais décline vite après 1871 pour s'arrêter définitivement en 1908, frappée par
les inondations destructrices du Torrent
du Fournel
et finalement par l'épuisement des filons.
Les anciennes mines et
ateliers de traitement des minerais argentifères ont été dégagés, étudiés et
remis en valeur :
Mines d'argent du Fournel
Un petit gisement de
charbon fut exploité un temps dans les années 1870 pour pallier le manque de
bois, puis à nouveau brièvement après la Seconde Guerre Mondiale. Il se situait
au lieu-dit Côte Olivière en rive droite du torrent juste avant son
confluent avec la Durance.
On l'aura compris,
la géologie est importante dans le Vallon
du
Fournel.
Avant même de pénétrer dans les gorges, quittant
l'Argentière, on a déjà traversé une
zone subbriançonnaise
- autrefois en culture -
de calcschistes tendres jusqu'aux
Gorlières,
une petite moraine vers la
Bourgea,
la zone briançonnaise avec successivement du Houiller vers
la Blachière,
des conglomérats permiens et les fameux quartzites. Ouf !
Le Vallon est
inhabité de nos jours et ne devait d'ailleurs être occupé autrefois qu'à la
belle saison. Car l'endroit est plutôt inhospitalier en plein hiver : d'abord
les gorges de sa partie aval à franchir, ensuite les avalanches omniprésentes et
enfin l'ombre portée de la
Crête de Dormillouse
qui fait régner un froid glacial dès le mois de
novembre,
-32°C enregistré en janvier 2005.
Ceci est maintenant un atout pour
l'escalade glaciaire dont le Vallon du Fournel est peu à peu devenu le
site de référence, lieu du rassemblement annuel des glaciairistes.
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Col d'Anon |
Col d'Anon |
Col d'Anon |
Les Clausas |
Août 1994 |
Août 1994 |
Août 1994 |
Juillet 1994 |
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Vue sur la Durance |
Tête de gaulent |
Dans l'axe du Vallon |
Partie haute du Vallon |
Juillet 2000 |
Juillet 2000 |
Juillet 1994 |
Juillet 2000 |
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Dans les gorges, le
Torrent de
l'Eychaillon
marque le passage dans une zone de calcaires et de dolomies, constituant de
belles falaises très fréquentées par les grimpeurs, que l'on traverse jusqu'à
l'embranchement de la route du Col de
la Pousterle.
Les plis calcaires d'abord verticaux dans le secteur des falaises et des
Têtes se couchent peu à peu vers l'amont offrant les reliefs adoucis et
appréciés des familles du Col de
la
Pousterle
(1763 m) au nord et du Col
d'Anon
(1891 m) au sud.
Une escapade en
direction de
la
Pousterle
(1739 m) et encore mieux des Têtes (2044 m)
offre de magnifiques points de vue dans l'axe du vallon jusqu'au Pas de
la
Cavale
et sur les Crêtes de
Dormillouse. Sur un replat
remarquablement situé, les maisons abandonnées
des
Clausas
(1574 m) rappellent l'ancienne exploitation agricole de toute la vallée.
Quelques dizaines de bovins estivent encore à
la
Pousterle
-
gîte : 04 92 23 14 55 - 06
70 51 13 01.
Le versant opposé,
vers
les
Lauzes
(1762 m) et
le
Crouzet
(1888 m), était également une vaste zone d'estive pour les bovins dans les sous
bois bien herbeux du mélézin. Ils ont laissé la place aux moutons transhumants
et aux amateurs de framboises, nombreux sur les pentes ombragées du
Col d'Anon.
L'hiver, la Crête de la
Seyte
(2629 m) reçoit la visite de quelques randonneurs à skis.
Le lieu-dit la Vie
à proximité au-dessus du chemin du Col des Lauzes (1837 m) confirme-t-il,
par sa désignation même, l'existence d'une ancienne voie romaine passant par le
Col des Lauzes, de préférence au Col d'Anon, et redescendant sur
Freissinières
par la Poua ? Certainement pas, dans la mesure où Vie est
simplement la francisation du patois Vio ou Via qui signifie
chemin, sentier.
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Torrent du Fournel |
Les Clausas |
Les Clausas |
Les Clausas |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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Les Clausas |
Les Clausas |
Vue d'ensemble |
La Salce |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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La vision s'élargit
faiblement à la sortie des gorges peu avant l'embranchement de la piste
forestière du Col d'Anon
et à peine plus à partir de celui de la 'route' du Col de la
Pousterle. Car
la vallée reste encaissée entre un
adret, sec et rocheux au
Banc des Rochers des Barres, et un
ubac,
recouvert d'une belle sapinière noire, le Bois de
la Sapée
sur les pentes fortes du bas du versant, et, le Bois du Simon de l'Aigle,
plus en altitude, beau mélézin qui remonte les pentes régulières en direction de
la Crête de la
Seyte
jusqu'à près de 2250 m, l'un des derniers territoires préservé du Tétras lyre.
On a pénétré dans la zone des grès tertiaires du
Champsaur qui
constituent tous les sommets du haut de la vallée au-delà de la Tête de
la
Lauzière,
dernier sommet en calcaires dits de
Vallouise.
La piste n'est plus
goudronnée jusqu'à son terme à la
Salce.
On traverse les anciennes zones agricoles, Champ Didier sous
la
Pousterle,
autrefois sans arbre et maintenant boisé,
les
Albrands,
la
Murègne,
Boujurian,
et la Basse
Salce,
en ruines avancées.
Les Meyries ne subsistent plus que dans le nom du
ravin à l'aplomb de la
Tête d'Oréac.
On passe sans le voir sous un habitat méditerranéen relique d'ifs (Taxus
baccata) dans la pente à l'adret, mais en voie de reconquête -
NB: plante très toxique,
poison foudroyant dans les feuilles et baies rouges, mortel à très faible dose.
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Torrent du Fournel |
La Salce |
Les Deslioures |
Les Deslioures |
Août 1979 |
Août 1979 |
Août 1979 |
Août 1979 |
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Crête de
Dormillouse |
Tête de Soulaure |
Partie haute du Vallon |
Partie haute du Vallon |
Juillet 1977 |
Juillet 1977 |
Juillet 1977 |
Juillet 1977 |
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La piste s'arrête à
l'Ourmande, peu après la Salce, en
face du Pont des Deslioures qui donne accès à
la Réserve Biologique des
Deslioures,
créée par l'ONF en 1993, et qualifiée de plus grand sanctuaire mondial du
chardon bleu. En fait de chardon, il s'agit d'une
ombellifère, aussi appelée reine des Alpes ou Panicaut des
Alpes (Eryngium alpinum). Malgré sa vivacité et la facilité de
germination de ses graines, sa survie est en suspens. Certes, il est fini le
temps où des individus peu scrupuleux venaient tôt le matin en ramasser de
grandes brassées que l'on retrouvaient ensuite en vente à
Briançon
et où les sans-gênes piétinaient les plants à qui mieux mieux. Il n'y a pas de
pâturage massif d'ovins comme dans le Vallon du Lauzanier au-delà de
Larche
- autre station importante où le chardon bleu a
quasiment disparu. Par contre, l'arrêt de
la fauche entraînant inéluctablement le reboisement le ferait disparaître.
Les projets de préservation en cours passent de ce fait par une reprise du
fauchage après la dissémination des graines. Outre la reine des Alpes,
les
lys martagon sont également nombreux dans le secteur mais un peu moins
menacés de disparition qu'elle.
On peut trouver quelques
plants isolés de
Panicaut sur la Tête d'Oréac et en quelques autres lieux
alentours.
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Montée à la Balme |
Montée à la Balme |
Alpage de la Balme |
Alpage de la Balme |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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La Gorge |
Le Serre de l'Homme |
Le Serre de l'Homme |
Partie haute du Vallon |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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En amont de
la Salce, le torrent s'écoule dans les gorges de la
Balme, creusées dans le socle cristallin mettant ainsi en évidence son
recouvrement par les grès du
Champsaur
comme dans la vallée voisine de
Freissinières. On est ici dans ce que les géologues appellent la
boutonnière du Fournel. L'érosion a été suffisamment forte pour
décaper la couverture de grès et profondément entailler sur 300 m les roches
cristallines. Le chemin qui accède aux alpages et au fond de la vallée commence
aux environs des ruines résiduelles de
la Haute Salce. Il offre de beaux
points de vue sur la jonction entre les roches cristallines et sa couverture
gréseuse séparées par une mince couche intermédiaire de calcaire en corniche. Ce
que l'on appelle communément une Balme, nom de l'alpage que l'on
rejoint après avoir traversé les pentes de
la Folie
et
Serre
Daurelle. La permanence sur ce
versant, aujourd'hui dénudé, de toponymes liés aux bois
- les Ayes, la Folie, Torrent du
Pleynet -
indique sans doute la présence autrefois d'une végétation arborée ou arbustive
en altitude, permise par l'humidité du versant malgré son exposition
- les Sagnières.
La Haute Salce a connu par intermittence, entre 1851
et 1953, l'exploitation d'une ardoisière dans la pente au-dessus, à laquelle
elle a même été reliée un temps par un câble porteur. Les ardoises remplaçaient
avantageusement le bois et le chaume pour la couverture des maisons.
Quelques unes ont encore conservé une couverture en ardoises.
C'est le cas de la maison encore debout
aux Clausas
(photos ci-dessus).
La carrière est taillée dans une couche schisteuse du grès
du Champsaur.
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Torrent du Fournel |
Torrent du Fournel |
La Gorge |
La Gorge |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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Le Serre de
l'Homme |
Pas de la Cavale |
Col de l'Aup Martin |
Massif des Écrins |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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La remontée du
Vallon face aux pentes abruptes de la Crête de
Dourmillouse (3237 m) est magnifique, bien qu'un peu longue,
on marche beaucoup pour peu de dénivelée. La pente ne s'accentue qu'après la
Grande Cabane vers
le Serre de
l'Homme
sous les 2 cols du fond de la vallée : le
Pas de la Cavale
(2735 m) qui permet de rejoindre la vallée du Drac de Champoléon - refuge
au Pré de la Chaumette -, et le Col de
l'Aup Martin (2761 m) qui fait la liaison avec la Vallouise
par le Vallon de la Selle
et Entre les Aygues.
De la Haute Salce
au Queyrelet, on longe le rebord de la Gorge, sur les
pentes bien exposées au sud de
la Folie et le replat de l'alpage
encore utilisé
de la
Balme entre 2000 et 2100 m d'altitude. Le paysage est écrasé par les
masses rocheuses du Pic
des
Queyrettes et de la Tête de Soulaure qui se font
face de part et d'autre de l'amorce de la Gorge, comme deux piliers
d'entrée dans le haut du Vallon. Sitôt leur alignement franchi, après un
bref aperçu sur le cirque rocheux haut perché du Grand
Clausis, on pénètre dans le
Parc national des Écrins
et le haut du Vallon du
Fournel
recouvert d'anciennes moraines. Le paysage devient moins rude, on retrouve des
zones planes, des torrents qui serpentent, de petits lacs, des tourbières, des
prairies, toutes choses propices à l'implantation humaine, à
Salamiane,
le Serre
de l'Homme,
la Grande Cabane pastorale, Pré Gentil, les
Serres
plus en amont. Plusieurs sites ou indices de sites d'occupation humaine
remontant pour les plus anciens à la Préhistoire ont d'ailleurs été répertoriés
dans ces secteurs. Mais, très vite on butte contre le fond du Vallon et
la Grande Clape
de Chaffoux
sous le Pas de
la Cavale.
Une rude montée et une traversée permettent de
découvrir trois paysages exceptionnels sur le massif des Écrins, la haute
vallée du Drac Blanc dans
le
Champsaur, et, bien sûr, le
Vallon du
Fournel.
Peut-être aurez-vous même la chance d'admirer le vol d'un aigle par dessus les
Pointes de Rougnoux
et la Crête du Martinet,
aux reliefs très haute montagne.
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Massif des Écrins |
Pointes de
Rougnoux |
Pointes de
Rougnoux |
Crête du Martinet
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Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
Juillet 1994 |
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Vallon de Rougnoux |
Pointes de
Rougnoux |
Crête du Martinet |
Crête du Martinet |
Juillet 1994 |
Juillet 1980 |
Juillet 1980 |
Juillet 1980 |
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Il n'y a pas de meilleure
période pour fréquenter le Vallon. Tout est bon selon l'activité ! Les
glaciairistes attaquent les cascades dès la fin décembre et jusqu'en février ;
les skieurs prennent la suite jusqu'en avril ; les grimpeurs profitent de toutes
les bonnes journées ; les amateurs de flore suivent dès la fin mai, avec une
période faste fin juin et en juillet ; les inconditionnels du chardon bleu
viennent début août ; les randonneurs et les touristes débarquent avec les
vacances d'été ; les puristes attendent la solitude retrouvée de septembre et du
début de l'automne lorsque les mélèzes prennent feu sur fond d'azur et de
premières neiges.
Ouvrages consultés
Bailly-Maître, 2005
: BAILLY-MAÎTRE (MC) - Le rôle de la mine en Europe avant l'ère industrielle,
Géosciences - numéro 1, janvier 2005
Debelmas et
Al, 2002
: DEBELMAS (J), PÊCHER (A), BARFÉTY (JC) - Découverte de la géologie du Parc
national des Écrins, Éditions BRGM
Collectif, 1997
: ONF, PNE, Ville de l'Argentière-la-Bessée - L'histoire d'une vallée, le
Vallon du Fournel
Ville de
l'Argentière-la-Bessée, ? : Le vallon du Fournel, valorisation d'un espace
patrimonial exceptionnel
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Toponymie de la Vallée
de l'Argentière |