Un
projet abandonné, un autre à construire
Le projet initial des Balcons du Mercantour a donc été retiré.
Il n'existe plus. Il faut dire que la grande majorité des participants s'en
est progressivement éloigné avec même parfois des oppositions
particulièrement tranchées. Complément question 49.
Pour autant le CG06 n'a pas renoncé à la création d'un
itinéraire pédestre à travers le massif du Mercantour, mais il en a
tout simplement confié l'étude à la commission de concertation présidée par
Gaston Franco, son président et président du CA du Parc
National du Mercantour. Vous allez vous approprier le projet et
le mener à terme, a déclaré Christian Estrosi aux membres
de la commission, une fois que vous serez prêt on sera là
[le CG06, ndlr] pour vous accompagner et vous
soutenir. Ce projet n'est plus celui du conseil général, c'est le vôtre.
Et Éric Ciotti, président du CG06, d'enfoncer le clou : Si
ne se dégage pas un consensus, si demeurent les incompréhensions, le projet
sera abandonné. Mais je suis persuadé qu'on parviendra à un tel consensus,
au moins entre les élus concernés, le Parc National, le collectif
Vigilance Mercantour et le Club Alpin Français.
En d'autres termes, Gaston Franco, à travers la
commission de concertation qu'il préside, a récupéré la mission de créer le
consensus sur un nouveau projet.
Le PNM, évincé dans un premier temps du projet du CG06, retrouve son rôle central.
Le CAF devra clarifier sa position et revenir à ses fondamentaux à savoir sa
Charte de la Montagne.
Le collectif Vigilance Mercantour, dont
l'opposition dès le début des travaux a forcé à la concertation et dont le
projet évolutif en fonction des suggestions des uns et des autres a marqué
de nombreux points, se félicite du vrai dialogue qui s'est mis en place.
Il se considère comme une force de proposition prêt à continuer le travail
commencé, au sein de la commission de concertation. Il sera un contributeur
actif si le projet est en phase avec son cahier des charges mais n'hésitera
pas à critiquer voire à s'opposer dans le cas contraire. Complément
question 63.
Le CG06 se redonne ainsi l'opportunité de créer un sentier
exemplaire dans un territoire d'exception en suivant les conclusions de la
commission de concertation pour un investissement bien moindre.
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Bilan des groupes de travail
Les groupes de travail auraient pu être plus constructifs
s'ils avaient travaillé plus en cohérence les uns avec les autres, néanmoins
le bilan est riche et permet de dresser un premier cadre pour le futur
projet. Les conclusions de chaque groupe se trouvent
dans la FAQ ainsi que les enseignements à tirer concernant la méthode de
travail.
Le groupe Projet de territoire positionne d'entrée de
jeu le projet sur un territoire élargi à l'ensemble du massif
transfrontalier, qui devra être exemplaire dans sa démarche de développement
durable et de protection environnementale. À ce
titre, l'idée de le placer intégralement dans un espace protégé progresse.
Complément
question 57.
Le groupe Centre de ressources - Biodiversité insiste sur le devoir de protection et de conservation de
la biodiversité dont le Mercantour constitue un point chaud (hot
spot) au niveau mondial. Il réaffirme la nécessité de protéger les zones
humides et son opposition à la construction de refuges, notamment à Lagarot et à
Terre Rouge. Complément question 56.
Le groupe Produit touristique
entend que le projet réponde aux principes de l'écotourisme. Il doit faire
preuve d'exemplarité dans la gestion des ressources naturelles et être de
grande notoriété. Complément question 55.
Le groupe Clientèles identifie
une clientèle sportive qui fera la notoriété de l'itinéraire, une clientèle
novice et familiale qui préférera redescendre en vallée et une clientèle
intermédiaire qui parcourra l'itinéraire par tronçons. L'attractivité du sentier
pourrait provenir du fait que l'itinéraire est
tout entier situé dans une zone protégée. Complément question 54.
Le groupe Aménagement des sentiers
précise que le projet doit utiliser les sentiers existants. Ceux-ci seront
exclusivement pédestres, sans aménagement spécifiques pour des publics
particuliers, ni aménagement de confort et sans artificialisation.
Complément question 53.
Le groupe Itinéraire et variantes
n'a pu conclure car ses travaux sont dépendants des conclusions des autres
groupes. Chacun a voulu défendre son projet, notamment chacun des deux
co-présidents, sans veiller à respecter un quelconque cahier des charges.
Pire l'un des co-présidents a court-circuité le groupe en menant une étude
parallèle, se disqualifiant ainsi dans son rôle. Complément
question 52.
Plusieurs groupes ont fait ressortir
que le projet doit respecter la réglementation, les chartes et les
procédures en vigueur qui avaient été un peu oubliées dans le projet initial. Complément
question 62.
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Une démarche à reprendre
Le premier cycle de réunion a confirmé que tous les groupes
ne se situent pas au même niveau dans le processus de conception.
Des améliorations sont possibles dans
cette démarche en retenant 3 groupes stratégiques :
Projet de territoire ;
Centre de ressources - Biodiversité ;
Produit touristique et Clientèles, réunis en un seul groupe, et, un groupe tactique :
Itinéraires et
Sentiers, également réunis en un seul groupe. Compléments
question 51 et
question 58.
Les groupes stratégiques définissent la raison d'être du projet et
ses caractéristiques principales, son contenu et ses cibles. Le groupe
tactique met en application les conclusions des premiers pour
définir les itinéraires possibles qui s'imposeront alors d'eux-mêmes, après
calque sur les différents tracés des contraintes écologiques, légales,
techniques et financières.
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Conclusion, perspectives et risques
S'il est difficile d'être contre un itinéraire de randonnée,
ce projet a montré que tout n'est pas possible n'importe comment. Que la
montagne et la nature se respectent, que l'homme qui pénètre dans des
espaces naturels, et d'autant plus qu'ils sont classés et/ou protégés, doit
le faire avec respect en minimisant ses impacts et en s'adaptant à
l'environnement, surtout pas en adaptant l'environnement à sa pratique. Que
ses habitants, qui devraient pourtant défendre leur pays, ont trop la tête
dans le guidon pour prendre le recul nécessaire afin de rompre avec les
pratiques courantes d'aménagement lourd et réaliser qu'elles ne
correspondent plus à l'époque. Que le sanctuaire que constitue le cœur
du parc national doit être respecté et ne faire l'objet d'aucun aménagement.
Le projet dit des Balcons du Mercantour est donc
abandonné. Ne soyons pas naïfs, c'est à contrecœur
que ses promoteurs ont fait machine arrière. Ce retrait résulte de la
mobilisation forte d'amoureux de la montagne, de pratiquants, habitant ou
non les hautes vallées, pas particulièrement des ayatollah écologistes
intégristes, selon des qualificatifs lus ou entendus ici ou là, qui se sont
réunis spontanément, au sein du collectif Vigilance Mercantour,
en se disant : on ne peut pas laisser faire ça comme ça.
Les perspectives d'aboutir à un projet
respectant le parc, sans nouveau refuge, utilisant les sentiers existants et bénéficiant aux
habitants des villages sont réelles. Vigilance Mercantour y
contribuera en s'appuyant sur son cahier des charges. Mais le calendrier
initial est abandonné et le projet est certainement moins prioritaire que la
candidature de Nice aux JO pour Gaston Franco qui en
préside également le comité de pilotage.
Mais les risques d'une manipulation existent aussi ou plus
pernicieux d'une reprise à la carte des propositions de la commission de
concertation ou encore de la réalisation ici ou là de petits travaux
d'aménagement sans concertation. Aux quels cas la confiance et
le consensus voleraient en éclat.
Enfin, la possibilité d'un soufflé qui
retombe d'ici quelques temps ne peut certainement pas être exclue, au
prétexte, par exemple, qu'il n'y aurait pas eu de consensus.
La proposition au classement au
patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco d'un espace transfrontalier
incluant des espaces hors du cœur du PNM pour en assurer la cohérence,
conforte la volonté de Vigilance Mercantour d'intégrer la
totalité de l'itinéraire dans une zone protégée pour en renforcer la
notoriété.