Les Balcons du
Mercantour
Position de Vigilance-Mercantour
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Le projet Les Balcons du Mercantour
consiste à concevoir un itinéraire de grande randonnée entre les vallées de
la Tinée, de la Vésubie et de la Roya dans le périmètre du
Parc National du Mercantour avec réfection ou construction de 14 refuges
répartis tout au long du parcours. La polémique, suscitée depuis le mois de
septembre 2008 et la découverte du projet par le grand public, a permis aux
différents intervenants d’exposer leurs idées et leurs convictions. En effet il
s’agit de l’aménagement d’un espace naturel de montagne qui connaît une
fréquentation importante du fait de sa proximité avec le cordon littoral de la
Côte d’Azur très urbanisée. Les intérêts conflictuels des différents
utilisateurs de l’espace n’ont donc pas manqué d’alimenter le débat.
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Le projet n’est
pas
dénué d’intérêt sur le secteur géographique concerné. La promotion d’un
itinéraire de grande randonnée traversant le Mercantour peut contribuer à
structurer l’offre touristique du massif et agir comme un élément de notoriété
évident au même titre que les grands itinéraires comparables des Alpes. De plus
un tel projet permettrait d’améliorer une offre d’hébergement actuellement
disparate sur le massif par une mise aux normes et une modernisation de certains
refuges.
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Au delà des
obligations réglementaires, pour que le projet réponde au souci actuel de
protection de l’environnement il doit promouvoir le développement d’un tourisme
de nature et de découverte respectueux des espaces et des espèces. Dans cet
objectif nous exprimons un certain nombre d’attentes pour éviter que le projet
ne porte atteinte au patrimoine naturel et humain concerné.
1. Nous demandons de
ne pas créer de nouveaux hébergements en zone naturelle vierge. En effet à
l’heure de la territorialisation du Grenelle de l'environnement, il est
inconcevable d’amener une fréquentation continue par le biais d’un hébergement,
sur des sites actuellement colonisés par une flore et une faune exceptionnelles.
Le bruit, les héliportages réguliers, l’assainissement, le piétinement accru,
les déchets sont les conséquences inévitables de l’implantation d’un refuge sur
son environnement proche.
2. Nous demandons de
privilégier les passages du sentier par les hameaux situés en bordure du massif
traversé. Un tel tracé permet un ravitaillement des randonneurs fréquent, sans
création de nouvel accès mécanisé en zone naturelle. La rénovation ou la
création d’hébergements dans ces hameaux permettrait de maintenir une économie
durable dans les fonds de vallée. Ce type d’hébergement ne dépend pas
exclusivement des randonneurs itinérants et peut permettre une exploitation
rentable sur une saison plus étendue qu’un refuge d’altitude.
Le passage du sentier
par les hameaux est également l’occasion d’approcher la richesse du patrimoine
historique et culturel de nos vallées. L’itinéraire de randonnée acquiert ainsi
une dimension pédagogique permettant une redécouverte du monde rural.
3. Nous demandons la
conservation de l’esprit « montagne » des refuges d’altitude. Par définition un
refuge est un hébergement à caractère collectif pour des personnes de passage,
situé dans un lieu isolé. Dans ce sens, le refuge ne peut pas ressembler à un
hébergement de plaine avec les mêmes offres de confort sanitaire. Situé dans un
lieu hors du commun, le refuge doit lui aussi être hors du commun des
hébergements classiques. La volonté de conserver des prix contenus, associée au
coût élevé du transport des produits dans les zones isolées, impose de conserver
un aménagement rustique des bâtiments. Les travaux de réhabilitation devront
permettre de réduire l’impact écologique de la gestion des bâtiments.
Il est évident que le
cachet authentique et typique des refuges influe beaucoup sur le souvenir que
l’on a d’une nuit passée en montagne. Pour l’insertion des rénovations dans le
site, il faudra s’attacher à conserver une relation harmonieuse du bâtiment avec
son environnement immédiat.
4. Nous demandons de
limiter les travaux de confort sur l’itinéraire envisagé. En effet les paysages
de montagne réservent un spectacle époustouflant qui se mérite et ne peut être
réduit à un simple produit de consommation. Les valeurs sportives et éthiques de
la montagne seraient bafouées par un terrassement mécanisé des sentiers, une
sécurisation excessive ou un balisage à outrance de l’itinéraire. Le tracé doit
respecter le profil des chemins existants qui ont été modelés de façon logique
par des populations montagnardes qui se sont adaptées à l’accidentologie du
terrain. De plus, en matière de vulnérabilité, il est dangereux de créer une
illusion de sécurité sur des domaines d’altitude qui présentent des risques
inhérents à ce type de milieu.
5. Nous demandons le
développement de la dimension transfrontalière du projet. A l’heure où les parcs
nationaux du « Mercantour » et des « Alpi Maritime » unissent leurs efforts pour
inscrire l’ensemble du massif ainsi fusionné au patrimoine de l’UNESCO, il n’est
pas envisageable de communiquer sur un itinéraire n’utilisant qu’un seul versant
de la chaîne frontière.
6. Nous demandons que
les étapes permettent selon les lieux, la découverte du patrimoine naturel,
vernaculaire ou culturel ou l’ouverture vers les activités et les productions
locales.
7. Nous insistons pour
que le Parc National du Mercantour reste un territoire d'exception où nul ne
doit pouvoir y établir son commerce sur la base d'un produit rapporté, créé de
toute pièce, ne respectant ni les usages et coutumes, ni la loi, ni la finalité
du parc. Celle-ci exclut en particulier l'aménagement de l'espace naturel pour
servir des intérêts économiques et se trouve en opposition absolue avec le modèle
de l'industrie touristique.
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Ces exigences, qui
tirent le Parc National du Mercantour vers le haut en vue de son classement au
patrimoine mondial de l'Unesco, ne peuvent que valoriser les activités
des différents professionnels et acteurs de la montagne respectueux de
l'environnement, des patrimoines, des usages et des traditions. Nous les
soutenons dans leur démarche de développement, la seule qui puisse prétendre au
qualificatif trop galvaudé de durable.
Nous pensons que
l’ambition de réaliser un sentier exemplaire par son intégration dans
l’environnement, son intérêt, la beauté de ses paysages et le caractère
pédagogique de ses milieux, patrimoines et activités humaines ne pourra pas être
atteint sans le respect des ces quelques demandes et considérations.
Faut-il rappeler en
conclusion que les parcs nationaux qui ne représentent qu'une part
infinitésimale du territoire national ne sauraient être l'objet de la
moindre marchandisation. Sur 0,64 % du territoire, est-ce trop demander ?
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Vigilance-Mercantour
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Projet alternatif de
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