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Annexes |
Emplacement
historique |
Reconstruire la Bérarde |
Similitude avec le glacier Noir |
Un été sans route et sans tourisme |
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Cliquer sur les photos
pour les agrandir
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Notre-Dame-des-Glaciers |
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© CRS Isère |
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La Bérarde vers 1892/1900 |
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La chapelle construite en 1892 est neuve. Les
toits de chaume sont maintenus par des perches transversales au faîte. |
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Les Étages vers 1890/1900 |
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Noter le pont de bois, la chapelle en
ruines, le moulin sur la rive opposée. |
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PLU de Saint-Christophe |
Zonage de la Bérarde |
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8 août 2023 |
Uat : Secteur du centre ancien avec constructions
à usage temporaire sans accès permanent.
A : Zone agricole à (...)
N : Zone naturelle (...)
Ncamp : Secteur réservé aux campings (...)
Np : Secteur de protection des captages en eau
potable
En bleu, zone constructible sous prescription (B)
(...)
En rouge, zone incons-tructible sauf exception. |
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Glacier de Bonne Pierre |
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Vallouimages, juillet 2008 |
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Glacier
Noir |
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Vallouimages, juillet 2024 |
Le torrent du Glacier Noir construit son propre
cône de déjection au-dessus de la Grande Sagne. |
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Massif des Écrins -
Oisans - Vénéon
La Bérarde sinistrée
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Catastrophe de la Bérarde
‒ 20 et 21 juin
2024
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Durant la nuit du 20 et la journée du 21 juin 2024, le
hameau de la Bérarde a été complètement ravagé par le torrent des
Étançons.
Trois semaines après le choc de la destruction du hameau,
on en sait un peu plus concernant les circonstances de la catastrophe,
grâce aux analyses de Pierre Verry, chef du service RTM de
l'Isère (1),
du géomorphologue Johan Berthet (2),
de l’hydrologue Vincent Koulinski (3).
Je renvoie à leurs articles pour les détails (4).
Il apparaît qu’il s’est agi d’un cataclysme sans
précédent depuis au moins 10 millénaires, de nature multifactorielle
combinant d’abondantes précipitations jusqu’à près de 3900 m, la fonte
d’une importante partie du manteau neigeux jusqu’à cette même altitude
et la vidange d’un lac supra-glaciaire (5)
sur le glacier de Bonne Pierre. D’abondantes laves torrentielles,
au pouvoir destructeur plus important que des crues torrentielles même
avec charriage, ont tout submergé, au point de dépasser les limites les
plus anciennes du cône du torrent. Une première ébauche du déroulement
de la catastrophe a pu être établie (2),
qui devrait être complétée par des reconstitutions en 3D.
Ces études préliminaires ont déjà permis de répondre à
au moins ces deux interrogations qui ont généré une vaine polémique :
Une catastrophe de cette ampleur, multifactorielle et à
aussi faible occurrence n’était pas prévisible (6).
Aucune mesure de protection n'était et n’aurait été en
mesure de protéger le hameau contre une lave torrentielle d’un tel
volume (7)
← Photo Préfecture de l'Isère. |
Cliquer sur la photo pour
l'agrandir |
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Par
ailleurs, la polémique sur la construction du hameau sur un cône de déjection
n’a également pas lieu d’être. Le hameau y est installé depuis au moins le XIVe
siècle (infra)
et aucun cataclysme de cette ampleur n’y a jamais été répertorié, bien que le
village ait été déjà inondé à plusieurs reprises, notamment en 1785
(7).
À l’heure actuelle, la priorité est le rétablissement de la route d’accès à
Vénosc, puis à Saint-Christophe et à ses hameaux, dont la Bérarde.
Concernant la Bérarde, les scientifiques craignent des répliques
(2)
car « il y a encore largement assez de matériaux transportables pour alimenter
d’autres crues : le stock de matériaux n’a pas été purgé et il existe des
quantités très élevées de matériaux susceptibles de descendre sur la Bérarde en
cas de nouvelle crue importante… Je ne dis pas qu’ils vont bouger demain, mais
le phénomène pourrait se reproduire. »
(3). Autrement dire, on ne peut pas
prévoir quand. En clair : possible, mais pas prévisible.
Les
Bérardins, de leur côté, par l’intermédiaire de l’association des Amis de la
Bérarde, veulent « garder le village, là où il est » et qu’on leur « permette de
reconstruire » (8).
On les comprend et on le souhaiterait aussi, mais il va falloir arbitrer avec le
risque majeur de « nouvelle crue importante » (infra)
et on voit donc mal une reconduction à l'identique.
__________
Notes :
(1) Pierre
Verry, chef du service RTM de l'Isère,
« Lac
en surface du glacier de Bonne Pierre », Radio France, 25 juin 2024.
(2a) Johan
Berthet, géomorphologue, « Premiers
éléments d’analyse géomorphologique… », Linkedin, 28 juin 2024.
(2b) Johan Berthet, géomorphologue, « Premiers
éléments d’analyse géomorphologique… », Alpine mag, 8 juillet 2024.
(3) Vincent Koulinski, hydrologue, « Le
siècle qui vient va être celui des catastrophes glaciaires », Le Dauphiné,
28 juin 2024.
(4) Toutefois, publiées sous la pression
médiatique et hors cadre scientifique, ces études ne sont pas définitives et
doivent être complétées, d'autant plus que (i) elles présentent des
discordances, voire des désaccords, qui devront être levés et (ii) elles
laissent encore beaucoup de questions sans réponses.
(5) Antoine Chandellier, « L’origine
glaciaire de la catastrophe de La Bérarde se précise »,
Le Dauphiné, 24 juin 2024.
(6) Ce terme en lui-même ne veut d’ailleurs rien dire, il aurait déjà fallu
connaître la possibilité d’un tel cataclysme. Par contre, on pouvait craindre,
et on craignait, une forte crue torrentielle, éventuellement avec charriage,
mais pas forcément prévoir sa survenance.
(7) Il est vrai que les habitants et la commune bataillaient pour que des
travaux de protection du hameau soient réalisés. Dans le cas présent, ils
n’auraient servi à rien. Je cite
(1) : « On notera … que les
polémiques sur le manque d’entretien du torrent sont nulles et non avenues. Les
travaux de curage évoqués auraient été, dans leur grand maximum, de l’ordre de
1000 à 2000 m3. Totalement négligeable par rapport aux volumes déposés. »
(8) Estelle Zanardi, « Reconstruction
de La Bérarde : "On veut garder le village là où il est" », Le Dauphiné, 5
juillet 2024.
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Annexes
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Emplacement historique de la Bérarde
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L’emplacement de la Bérarde sur le
cône de déjection du torrent a été mis en cause à plusieurs reprises
après sa destruction. Pourtant il est présent à cet emplacement depuis
plus de 300 ans, comme on peut le voir sur la carte ci-contre, et aucune
catastrophe analogue à celle de cette année avec un aussi fort
engravement dépassant les limites du cône de déjection n’a déjà eu lieu
depuis sa formation, soit depuis
plus de 10 000 ans (1).
Bien que protégé par une levée de terre et des murs de pierres scellées
(photo 1, v. 1890/1900), probablement pas calibrés pour une crue
décennale, il a déjà été inondé à plusieurs reprises, notamment en 1785.
← Minutes de la carte de Bourcet de
la Saigne au 1/14 400 (1752). On a pu vérifier en Vallouise, que les
nombres et les emplacements des maisons sont corrects. |
Cliquer sur la photo pour
l'agrandir |
Sur la même carte,
on constate que l’emplacement des Étages est encore plus
à risque et que le hameau en conserve les traces (photo
2, v. 1900). Les anciens n’hésitaient pas à construire
et à reconstruire dans des zones à risque contrairement
à plusieurs affirmations souvent lues et entendues ces
jours-ci.
Autrement dit, on
devrait peut-être nuancer la « sagesse des anciens »
tant vantée depuis quelques jours. Peut-être faudrait-il
plutôt parler de fatalisme ? La réflexion est en cours
sur ce sujet.
L'emplacement de la Bérarde suit le même
principe qu'aux Étages, et confirme que la
sécurité des personnes (et des biens) n'était
pas le principal critère du choix d'un
emplacement. On sait aussi que ce n'était pas
l'exposition.
Les
meilleurs emplacements étaient réservés à la
production vivrière. C'est « la survie »
collective qui était privilégiée. Avec de l'eau
et les meilleures terres.
Ce que
l'on appelle « sagesse des anciens » est le
résultat d'un long empirisme marqué par de
nombreuses catastrophes.
(1) Vincent
Koulinski, Expert d'ETRM en hydraulique torrentielle, 27
juin 2024.
_____________
Reconstruire la Bérarde
On
comprend les Bérardins et on le souhaiterait aussi, mais il va falloir arbitrer
avec le risque majeur de « nouvelle crue importante ». D'ailleurs à ce
stade, ce n’est pas encore le sujet (et ce n’est d’ailleurs pas de notre
ressort), même si beaucoup y pensent.
Les études
sur la catastrophe produites jusqu’à présent
doivent d’abord être complétées. Elles donnent
une bonne vue d’ensemble, mais elles laissent
encore beaucoup de questions sans réponses
(supra 4).
Par
ailleurs,
la Bérarde n’est pas ‘vierge’ en matière
urbanistique. Le PLU de la commune de
Saint-Christophe est en cours d’élaboration. Une
première version avait été retoquée par la
préfecture, notamment sur la prise en compte des
risques naturels et sur l’urbanisation des zones
Ubt et Uat de la Bérarde. Voici ci-contre le
zonage au 8 août 2023 du secteur de la Bérarde
qui ne prévoit pas d’emplacement de repli.
La
catastrophe qui vient d’avoir lieu ne va
certainement pas aller dans le sens d’un
assouplissement des contraintes, surtout avec
l’apparition d’un nouveau risque de réplique de
laves torrentielles, beaucoup plus destructrices
et difficiles à arrêter ou même à canaliser
qu’une crue torrentielle.
Le curseur
pourrait bien se trouver entre ce zonage et une
restriction drastique des zones à reconstruire.
Car il va
bien falloir décider au
préalable quel risque est acceptable en fonction
des enjeux et ensuite mettre en place (i) des
mesures, proportionnées au risque accepté, de
protection, réduction, prévention, alerte et (ii)
des plans d'évacuation, récupération, secours
(1).
Déjà, après les déclarations du maire de
Saint-Christophe et du président du Conseil
départemental de l'Isère, on comprend bien que
des décisions difficiles vont devoir être prises
(2a, 2b).
Malheureusement, on découvre que ce genre de
catastrophe est susceptible de remettre en
cause l’habitabilité de certains territoires
en montagne
(3). L’assurabilité en
particulier commence à devenir un problème.
Complément du 15 août 2024 :
« Faut-il abandonner les vallées
trop frappées par le changement climatique ? Le
débat commence tout juste »
(4).
La question de l’habitabilité des
vallées trop exposées aux risques naturels se
pose dans toutes les Alpes Occidentales, de
l’Oisans au Tessin, dans toutes les vallées
durement touchées par les dégâts causés par les
intempéries de ce début d’été.
D’un côté, « (des) infrastructures (qui) seront
détruites plus souvent qu’elles ne pourront être
remises en état » (en clair, qui ne pourront
pas/plus être financées), de l’autre
« l’identité » et « la dimension émotionnelle »
qui rend l’idée insupportable aux habitants.
À la Bérarde, on espère prudemment pouvoir
« sauver au moins quelques bâtiments historiques
du village », avant de « peut-être envisager de
reconstruire plus en amont, ou plus en aval »,
au grand dam des habitants qui « (vont) se
battre pour (leur) village, pour le
reconstruire » (5).
(1)
Par exemple, à la Bérarde, l'alerte
rapide durant la nuit, la présence sur
place de professionnels du secours et
l'intervention rapide de renforts
héliportés ont été déterminants pour la
sécurité des personnes. Le pire a été
évitée grâce à une réactivité immédiate,
un grand professionnalisme de tous les
services de secours et aussi à des actes
d’héroïsme.
De même à
Vallouise, le déclenchement dans la nuit de
l'évacuation des campings, bien en amont de la
crue torrentielle, a également évité tout
dommage humain. Avec un bémol cependant, une
soixantaine de personnes sont parties
d’elles-mêmes sans se signaler, faisant craindre
des disparitions, heureusement sans suite.
Au cours de
la montée des eaux, l’intervention immédiate de
tractopelles a permis de sauver la salle
polyvalente. Autrement dit, il faut être prêt et
avoir le nécessaire (engins, stock de rocher…) à
disposition.
(2a)
Jean-Louis Arthaud, maire de Saint-Christophe-en-Oisans, « La
Bérarde : un mois après la crue
torrentielle dévastatrice », L’Essor
Isère, 19 juillet 2024 :
« Des
habitants me disent qu'il faut que je me batte
pour refaire la Bérarde telle qu’elle était.
J’entends bien ce qu’ils me disent. Mais, je ne
vois pas les services de l’État nous autoriser à
reconstruire là où le torrent est passé. Alors
oui je me bats pour reconstruire la Bérarde mais
la reconstruire autrement, peut-être avec des
constructions plus résistantes, et pas tout à
fait au même endroit. »
(2b) « «
La vie est à zéro » : un mois après, l’isolement
de la vallée du Vénéon », Le Dauphiné,
21 juillet 2024.
(3)
Le
fameux « zéro reste à charge », suite aux dégâts
d’octobre 2023 dans les Hautes-Alpes, n’a été
que de la poudre aux yeux. La commune de
Vallouise-Pelvoux a donc dû différer des projets
essentiels. Et, rebelote, les 20 et 21 juin
2024, où tout ce qui venait d’être refait est
reparti dans les torrents. À un moment, on ne
peut plus…
(4) Serge
Enderlin, « Dans
le Tessin, le sort incertain des villages alpins
menacés par les éboulements », Le Monde,
15 août 2024.
(5) Raphaëlle
Lavorel,
« Dans
le massif de l’Oisans, l’épineuse question de la
reconstruction de La Bérarde », Le Monde,
ibid.
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Glacier Noir et glacier de Bonne Pierre dans la
même galère
|
Le rapprochement entre les deux glaciers voisins
offre un autre éclairage. Les
deux sont des glaciers noirs, c’est-à-dire recouverts d’une
moraine de surface. Leur fonte dégage des volumes énormes de
pierres et de roches que leurs torrents respectifs ont entrepris
d’évacuer vers l’aval.
Celui du Glacier Noir a commencé la construction
de son propre cône de déjection depuis quelques années. À chaque
orage, il transporte
d’énormes volumes de matériaux qu’il
dépose sur la Grande Sagne* dont le niveau s’élève d’année en
année, et sur son cône où il rehausse également le niveau de son
lit.
En illustration, glacier de Bonne Pierre, Dôme de
Neige des Écrins et Clocher des Écrins, Vallouimages, 8 juillet
2008.
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Cliquer sur la photo pour
l'agrandir |
Celui du Glacier de
Bonne
Pierre, pas trop bien nommé finalement, vient de
démarrer à son tour. Malheureusement, il n’y a
pas de zone de dépôt avant la Bérarde et sa
pente est sensiblement plus forte. Il va bien
falloir qu’il dépose ses déjections quelque
part. Or, c’est justement le rôle d’un cône de
déjection…
______________
(*) Ceci souligne le rôle
essentiel du Pré de Madame Carle et de tous ces
plans où les torrents déposent les matériaux :
Plan du Carrelet, Plan du Lac, etc. Le vallon du
Châtelleret, peu pentu et plan au Plaret (sens
du nom), joue aussi ce rôle. Ils 'retiennent'
les sédiments et protègent l'aval. Ne pensons
pas à ce que serait devenu la Bérarde si les
deux torrents de Bonne Pierre et des Étançons,
alias du Châtelleret, avaient cumulé leurs
apports.
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Un
été sans route et sans tourisme
|
Un très dur été s’annonce pour nos amis voisins
d’outre Écrins. Les dernières crues ont ravagé la route d’accès
à Vénosc et à Saint-Christophe-en-Oisans, déjà mise à mal à
l'automne.
On parle beaucoup de la destruction de la
Bérarde, mais moins des destructions de tronçons de la route
(RD530) qui parcourt la vallée, notamment vers les Ougiers
(entre le Clapier d’Auris et Bourg d’Arud) sur l’ancienne
commune de Vénosc et au niveau du Plan du Lac sur la
commune de Saint-Christophe-en-Oisans, qui isolent Vénosc
(1),
Saint-Christophe-en-Oisans et leurs hameaux
(2).
L’accès est donc restreint aux seuls riverains, aux entreprises
et aux secours durant les travaux de réfection, ce qui pourrait
durer quatre mois. Donc, pas de déplacements touristiques dans
la vallée durant tout l’été.
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Cliquer sur la photo pour
l'agrandir |
Les refuges et autres
hébergements sont évidemment concernés.
Les refuges de la Selle et du
Promontoire ont commencé à communiquer
sur leur accès par le haut.
En illustrations des
photos anciennes du Vénéon dans la
vallée et au Plan du Lac.
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L’ancien pont de
Bourg d’Arud avant sa
destruction par le Vénéon vers
1900. |
Le Plan du Lac
vers 1950. La route montait dès
la traversée du pont. |
La route de
Saint-Christophe
vers 1930 au-dessus du Plan du Lac. |
(1) Vénosc peut
être
atteint depuis Les Deux Alpes par une
télécabine.
(2) Auxquels il faut
rajouter les Gauchoirs, un hameau du
Bourg-d’Oisans.
______________
Articles connexes :
La Bérarde
Vallon de Bonne Pierre
__________
Vallouise
Pelvoux
Ailefroide
L'Argentière-la-Bessée
Névache
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Juillet 2024 |
15 aaoût 2024 |
15 août 2024 |
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