Champoléon
Vallée du Drac Blanc
Champoléon est une
commune du département des Hautes-Alpes qui recouvre le bassin versant du
Drac Blanc, anciennement Drac de Champoléon
(cadastre et cartes anciennes), dans le haut Champsaur. Elle fait partie du Parc National des
Écrins qui recouvre la plus grande partie de son territoire.
C'est une commune de haute montagne avec plusieurs sommets
dépassant 3000 m, dont le Sirac (3440 m) où elle culmine, au sud du
massif des Écrins. Elle est drainée par le Drac Blanc sur la totalité
de son cours. Celui-ci se forme au Pré de la Chaumette où il collecte les
eaux du vaste cirque de la Pierre sur le flanc sud du Sirac et du
Vallon de Rougnoux.
Sa vallée entaille la partie méridionale cristalline du
massif des Écrins.
D'abord d'orientation est-ouest,
elle commence à s'incurver au sud à partir des Auberts, puis continue
plein sud des Beaumes jusqu'au confluent avec le Drac Noir,
anciennement Drac d'Orcières
(cadastre et cartes anciennes).
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Vallée du
Drac Blanc vue de Serre-Eyrauds |
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Vallée du
Drac Blanc vue de l'aval |
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Champoléon en bref |
Code postal
: 05260 |
Code Insee : 05032 |
Canton : Orcières |
Communauté de communes : Haut Champsaur |
Habitants : les Champoléard(e)s |
Nombre d'habitants : 113
Recensement de 1999, en croissance de +12 soit + 11% par rapport
au précédent recensement de 1990. |
Superficie :9854 ha = 98,54 km2,
soit 1,15 habitants au km2 |
Altitude du chef-lieu :
1281 m aux
Borels
Altitudes extrêmes :
1 173 m au confluent des deux Drac
- 3 440 m au Sirac.
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Principaux hameaux1
: Les Borels, les Fermonds, les Gondoins, le
Chatelard, les Beaumes, les Blancs, les Garnauds, les Martins, les Gubias. |
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Vallée du
Drac Blanc |
Octobre 2007 |
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Vallée du
Drac Blanc vers l'amont |
Vallée du
Drac Blanc vers l'aval |
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La forme ancienne Champolivus relevée en
1377, 1459 et 1529
[Roman (J)],
est composée, d'une part, de la racine CAM = hauteur , tombée
classiquement dans l'attraction du latin CAMPUS = champ, et, d'autre
part, d'un dérivé de la racine LAP, LIP = ravin, éboulement qui a donné
le mot lave qui désigne dans la région les dépôts de pierre et de boue
résultant des crues torrentielles
[Arnaud, Morin].
Champoléon, c'est la hauteur soumise aux crues et à
leurs dépôts. Ainsi le chef-lieu, les Borels, est construit entre les
cônes de déjection des Torrents du Tourond, toujours très actif, et de
Méollion. L'histoire garde encore le souvenir de la destruction de
l'ancienne Église Saint-Vincent et du
cimetière dans la nuit de la Toussaint 1790 par les eaux du Drac et
aujourd'hui les habitants redoutent la répétition des terribles événements
d'octobre 2006 dont les plaies ne sont pas encore pansées.
D'autres hypothèses ont été émises, en donnant de façon
arbitraire à livus le
sens de blanc, ou à champolivus celui de champ des oliviers.
Cette dernière explication suppose un rapprochement avec le Mont des Oliviers
à Jérusalem. Pourtant ici, comme à Livet dans la vallée de la
Romanche où les Torrents de la Vaudaine et de l'Infernet
déversaient leurs laves, ou encore aux multiples Lavey dont le nom
rappellent de terribles éboulements, il suffit simplement de lire le terrain.
Le passage à Champoléon s'est fait aux XVe et XVIe siècles
via les formes Champolinus (1390, 1410, 1540), Champolion (1516),
Champolieu 1557), Champollion (1572)
[Roman
(J)].
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En amont des Borels - Les
Gondouins (1325 m) - Vallée du
Drac et Pic des Parières |
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Vallon de Méollion |
Le Vallon et
Montagne de Cédéra (2909 m) |
Bois de
Teyssonnière |
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La vallée du Drac Blanc,
malgré son caractère sauvage et les risques torrentiels, est sans doute occupée
depuis des temps très anciens, comme en témoignent les recherches archéologiques
menées en altitude. Mais on ne sait pas grand chose de ses premiers habitants.
Au Moyen Âge, Champoléon faisait partie du
mandement2 et fief des Montorcier. Cette puissante
famille, qui avait accepté la suzeraineté du Dauphin en 1304,
possédait toutes les terres des vallées de Champoléon et d'Orcières
et ce jusqu'au XVIe siècle.
La paroisse de Champoléon, sous le vocable de saint
Vincent, remonte au moins au XIe siècle et relevait alors du prieuré de
Saint-André-les-Gap, de l'ordre de Cluny. Elle dépendit ensuite
des jésuites d'Embrun en 1618.
Son église et le cimetière étaient alors situés sur la rive droite du Drac.
Tout fut détruit et emporté par une violente crue du Drac dans la nuit de
la Toussaint 1790. Meubles, ornements, vases sacrés et archives disparurent
cette nuit là. Il en subsisterait un pan de mur et le nom d'un petit pré, le
Pré du Curé.
Contraints d'aller dans la petite chapelle de Laye sur la
route d'Orcières, les paroissiens demandèrent la construction d'une
nouvelle église à Champoléon. Ce qui fut fait vers 1805, mais cette fois
en hauteur sur la rive gauche du Drac.
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Champoléon - Le site des Borels,
chef-lieu de la commune (1281 m) |
Octobre 2006 |
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L'histoire3,4 du
mandement de Montorcier fournit quelques indications sur l'évolution de
la population : 264 habitants en 1395 à la suite de la grande saignée du XIVe
siècle, 285 en 1551, 80 familles, soit environ 600 habitants en février 1789
lors des États Généraux du Dauphiné. la population aurait culminé avant
la guerre de 1870 avec quelques 800 habitants. Les 16 hameaux étaient habités
par plusieurs familles, comme Méollion avec 16 foyers, une école et un
prêtre résident qui officiait à la Chapelle des Neiges.
La vie rude et difficile, les
crues emportant des terres à pâturages,
provoquèrent une émigration intense et précoce
dans l'ouest des États-Unis (Californie, Nevada,
...). Il ne restait ainsi plus que 594 habitants
vers 1880 et 561 vers 1905. Les deux guerres ont
également fortement décimé la population
masculine et des avalanches meurtrières
provoquèrent l'abandon de hameaux et de nouveaux
départs. Après une forte chute dans les années
1960 et 1970 qui marquent la fin de la
civilisation rurale, la population semble se
stabiliser aux environs de 120 habitants. |
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hameaux sur les 16 initiaux sont encore habités : de l'aval vers l'amont, les
Garnauds sur la rive droite du Drac Noir aux confins de la commune ;
les Blancs et le Clapier au bas du versant de rive gauche du
Drac Blanc ; les Eyrauds, les Martins, les Gubias,
les Borels, chef-lieu, dans le fond de vallée ; les Fermonds, les
Gondoins, le Chatelard et les Beaumes dans la partie amont.
Les Clots l'est encore durant l'été et une colonie de vacances est installée aux Rochas.
Il ne reste rien des Auberts à l'amont.
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Le patrimoine est
essentiellement vernaculaire et constitué de l'Église
Saint-Vincent aux Borels et de
quelques chapelles dans les hameaux, comme la Chapelle Saint-Jean-Baptiste,
construite en 1700 aux Gondoins, qui comporte un portail architecturé.
L'église2 hâtivement reconstruite au début du XIXe
siècle dut être reconstruite en 1878, plus grande que la précédente pour tenir
compte de la population plus importante. L'ancien clocher fut conservé, créant
une différence de style et une disproportion. Elle fut l'oeuvre des habitants.
Les pierres des beaux piliers furent extraites de carrières situées du côté du
hameau des Blancs et de Corbières et transportées sur des luges
tirées par des boeufs ou des mulets. La pierre du seuil, pesant bien une tonne
fut également transportée sur un traîneau. La voûte est en tuf. Une
réfection fut effectuée en 1957. Le clocher de 1805 fut restauré en septembre
1988. Ses murs font un mètre d'épaisseur. Ses 4 poutres maîtresses, en mélèze
rouge, intactes, ont été conservées.
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Les Borels (1281 m) - Église Saint-Vincent |
Chapelle Saint-Jean-B. |
Octobre 2007 |
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L'habitat est dispersé en
plusieurs hameaux, la commune en a compté jusqu'à 16 habités. Aujourd'hui, les
plus éloignés et difficiles d'accès ont été abandonnés. Il n'y a pas vraiment de
village principal. D'ailleurs, aucun ne porte le nom de la commune et le
chef-lieu, les Borels, n'est qu'un hameau parmi d'autres, siège de la
mairie et de l'église. L'habitat traditionnel n'a pas véritablement été
préservé. Les Borels concourent sans doute au village qui a le plus de
fils électriques ou téléphoniques dans les airs ! Néanmoins, ils gardent
le charme des villages de montagne avec leurs nombreux jardins potagers et leurs
fontaines, un peu suranné certes, mais tellement plus authentique que les
paillettes de la station voisine.
L'une des vieilles maisons du haut des Borels est devenue
la Maison du berger. « À l'interface
entre le tourisme, la culture, l'environnement et le pastoralisme, la maison du
berger est un véritable outil pour la profession et pour les acteurs de la
montagne. C'est l'héritage de toute une culture qui est réuni au sein de ce lieu
pour comprendre, découvrir, transmettre, échanger,
développer, valoriser… le métier de berger. C'est un
lieu d'accueil ou chaque visiteur trouve son intérêt, qu'il soit simple curieux
ou professionnel du pastoralisme alpin »
[Plaquette].
L'élevage ovin est resté
vivace et donne lieu à l'événement de l'année, en
principe le 4 octobre, la
foire aux tardons, ces
agneaux nés au printemps et qui passent l'été aux
alpages. Au delà des transactions discrètes, c'est un
moment convivial de retrouvailles des champsaurins et
gapençais qui barulent à travers le village et aiment à
goûter l'agneau cuit au feu de bois sur la place devant
la mairie.
Cette foire date de moins d'une centaine
d'années. Autrefois, elle avait lieu à Vallouise
le 4 octobre de chaque année. Les éleveurs de
Champoléon y amenaient leurs troupeaux par le Pas
de la Cavale et le Col de l'Aup Martin, où
l'armée s'employait à maintenir un sentier muletier en
état au cas où. Mais une année, une poussée de fièvre
aphteuse provoqua l'interdiction du déplacement par le
préfet. Les éleveurs champoléards revendiquèrent donc et
obtinrent l'autorisation d'avoir une foire également le
4 octobre, en concurrence donc avec celle de
Vallouise qui finit par disparaître après la seconde
guerre mondiale.
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Haute vallée
du Drac Blanc |
Octobre 2007 |
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Haute vallée du Drac Blanc |
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Le tourisme a largement
pris le relais de l'agriculture. La station voisine d'Orcières-Merlette
joue bien sûr un rôle moteur dans tout le haut Champsaur. Champoléon
participe modestement en offrant quelques pistes de ski de fond dans son fond de
vallée.
Une auberge communale annexée à la Maison du Berger, fruit
de l'auto-financement communal et de subventions publiques a été inaugurée en
janvier 2008. L'objectif est de redynamiser la vallée en offrant un aménagement
multiservice et un lieu de restauration, ce qui va permettre de relancer le
foyer de ski de fond désormais installé à l'ancienne école. La gérance a été
confiée à un jeune couple originaire du Lot, Laurent Foissac et
Stéphanie Soulignac, qui viennent de s'installer avec leurs deux
enfants.
L'été, les randonneurs sont nombreux, mais beaucoup ne font qu'un
bref passage dans la haute vallée sur l'itinéraire du GR54, tour
des Écrins et de l'Oisans. La commune est parcourue par le tour du Vieux
Chaillol. Elle offre d'ailleurs un point de départ intéressant, bien qu'un
peu éloigné, pour son ascension (3163 m) en empruntant le
vallon du Tourond. Le refuge
homonyme (1712 m) permet de raccourcir un peu la montée et offre l'accès au beau
cirque de la Vénasque, ainsi qu'à la grotte aux corneilles, en
remontant la pente au dessus du refuge.
Les Lacs de Cédéra et de Crupillouse, perchés à
plus de 2600 m d'altitude constituent les randonnées phares de la vallée.
L'accès au premier est agrémenté par la découverte de l'ancien hameau abandonné
de Méollion. Les seconds dominent la vallée en haut d'un verrou glaciaire
au pied du Pic des Parières (3076 m), un 'refuge' y existait dans les
années 1910. Il avait été construit pour les ouvriers qui travaillaient à un
barrage visant à rehausser le niveau des lacs pour alimenter une conduite
forcée. La guerre de 1914-1918 a provoqué l'abandon du projet.
La remontée de la haute vallée du Drac Blanc permet de
rejoindre le Refuge du Pré de la Chaumette (1805 m) sur le GR54.
De là, on peut soit rejoindre le Valgaudemar, soit reprendre le chemin
des anciens qui conduisaient leurs troupeaux en Vallouise par le Pas
de la Cavale et le Col de l'Aup Martin. Le Vallon de la Pierre
et le sommet du Sirac (3440 m) ferme la haute vallée du Drac Blanc
et offrent quelques beaux parcours aux alpinistes amateurs de solitude.
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Haute vallée du Drac Blanc - Les
Auberts - Pointes de Rougnoux (3179 m) |
Octobre 2007 |
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Notes
(1) L'orthographe des hameaux diffère entre l'IGN, le cadastre et
l'usage local. L'IGN donne les Fermons, les Gondouins, le
Chatelard, les Baumes, les Clots, le Tourond,
Méollion ; le cadastre indique les Fermonds, les Gondoins,
le Châtelard, les Beaumes, le Clot, le Tourrond,
Méouillon ; l'usage local valide les Fermonds, les Gondoins,
les Beaumes, les Clots, le Tourrond, Méollion (communication orale de monsieur le maire).
Les formes relevées au XIXe siècle par Joseph Roman sont les
Fermonds, les Gondoins, les Beaumes, les Clots, le Tourond,
Méollion. L'IGN a manifestement commis des erreurs non reproduites ici. Les
graphies adoptées dans ce chapitre sont celles en usage localement, à
l'exception de Tourond préféré à Tourrond.
(2) Le mandement de Montorcier comprenait les huit
paroisses ou communautés de Saint-Jean de Montorcier, Saint-Nicolas de
Montorcier, Champoléon, Chabottes, Chabottones,
Saint-Barthélémy de -Buissard et Chaillol.
(3) Note affichée de juillet 1990, révisée en juillet 1996
d'après les souvenirs de Justin Escallier, conteur et poète.
(4) Abbé J.Ranguis, de Chabottones, curé de
Saint-Jean-de-Montorcier - Imprimerie Edouard Vallier., 1905. Réédité en
1978.
(5) Le gîte le Passage des Sarrasins est ainsi
nommé car une légende dit qu'un passage secret aurait été creusé par les
Sarrasins qui mèneraient de la maison en question sur le plateau de la Coche
ou au fond de Champoléon ... [communication de Julia Queyras].
Articles et liens connexes :
Champoléon -
Vallée du
Drac Blanc ou
Drac de Champoléon
Pastoralisme à Champoléon
- Maison du berger - Foire aux tardons
Hameaux de Champoléon
Toponymie de Champoléon
- Notes sur les principaux noms de lieux de la commune
Vallon du Tourond
Lacs de Crupillouse
Méollion - Lac de Cédéra
Géologie de Champoléon
Histoire de la résistance dans le Champsaur
par Philippe Lecourtier.
Canal de mal Cros
Albums photos :
Lacs de Crupillouse
Vallon de Méollion -
Méollion
Vallon de Méollion - Lac de Cédéra
Le Vieux Chaillol - Mal Cros
Col de la Vénasque
Val Estrèche
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