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L'Eychauda
Glacier de Séguret Foran
Le Glacier de Séguret Foran, au nom local bien
établi mais parfois en concurrence avec le nom de
Glacier de l'Eychauda, occupe le vallon éponyme d'orientation
sud-ouest - nord-est descendant entre les crêtes parallèles de
l'Eychauda et des Grangettes. Sa zone d'accumulation à plus
de 3200 m est constituée d'un plateau presque carré entouré du Dôme
de Monêtier (3404 m), du Pic du Rif (3478 m), de
la
Pointe des Arcas (3479 m), des
Pics de la Feste (3430 m), de Séguret
(3438 ) et Gardiner (3440 m)
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Glacier de Séguret Foran au fil des années
Évolution du glacier : entre crue glaciaire et
régression
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Juillet 1977 |
Août 1977 |
Juillet 1980 |
Octobre 1978 |
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Les années 1970 et 1980 particulièrement enneigées
virent une poussée significative de l'ensemble des glaciers du
massif des Écrins. Même l'été caniculaire et sec de l'année
1976, immédiatement suivi d'un hiver exceptionnellement enneigé, eut
un impact limité. Le Glacier de Séguret Foran regagna ainsi
une petite partie du terrain perdu depuis la fin du PAG en
rejoignant le bas des rochers de son versant. Il atteignit son
maximum au début des années 1980 puis commença un lent recul à
partir du milieu de la décennie provoqué par des hivers de moins en
moins enneigés. La régression s'accéléra fortement à la fin des
années 1990 et plus encore après l'année 2001, qui fut la dernière
année avec un bilan de masse positif, à la défaveur d'hivers peu à
moyennement enneigés et surtout de printemps et d'étés de plus en
plus chauds, dont l'été 2003 qui porta un coup terrible aux glaciers
du massif.
PAG : Petit Âge Glaciaire qui vit une très forte
poussée des glaciers et prit fin vers le milieu du XIXe siècle. |
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Août 1980 |
Octobre 1984 |
Août 1986 |
Juillet 1988 |
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... Vaste de près de 90 ha, il
est compris entre 2900 m et 3400 m avec une altitude moyenne de l'ordre
de 3200 m. Il descend avec une largeur relativement constante de 500 à
700 m sur plus de 2000 m de longueur en direction du Lac de
l'Eychauda où il plongeait au XIXe siècle
(gravure).
Il rejoignait encore le lac en 1876
(1). En se
retirant, il a laissé, en bordure du lac, un petit bourrelet morainique
en arc de cercle, et, sur sa rive gauche, une longue moraine bien
marquée. Celle-ci débute sous la Crête des Grangettes, là où
descendent d'abondants éboulis de terres noires, d'où sa couleur.
L'érosion l'a fortement ravinée
[D'après Vivian].
La fonte de la langue du glacier a mis à nu, dans les années 50
les roches moutonnées de son lit rocheux. Il s'agit des calcaires
marbreux voire même quartzeux attribués au Lias-Dogger car ils
supportent directement les Terres Noires du Jurassique supérieur (qui
affleurent plus haut sous la Crête des Grangettes)
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Glacier de Séguret Foran au fil des années |
Septembre 1979 |
Août 1980 |
Août 1986 |
Août 1991 |
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Glacier de Séguret Foran au fil des
années |
Août 1996 |
Août 2001 |
Septembre 2002 |
Août 2003 |
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... La poussée glaciaire des
années 70 et 80 s'est traduite par une avancée de la langue centrale du
glacier et un mur abrupt de séracs au dessus des rochers de son lit qui
ont alimenté pendant plusieurs années un glacier régénéré. Il a
représenté un bon exemple du mode de progression des glaciers pour
franchir des obstacles rocheux : la langue glaciaire bien alimentée et
au front bombé alimente un glacier régénéré au bas des rochers par la
chute de ses séracs frontaux jusqu'à ce que les deux glaciers se
rejoignent pour n'en faire plus qu'un. Dans le cas de notre glacier, la
jonction complète n'a pas eu le temps de se faire.
Au contraire, le glacier régénéré, plus alimenté, s'est
vite transformé en glace morte qui a rapidement fondu sur place. Les
photos de 1977 à aujourd'hui montre un recul rapide du glacier qui
retrouve à peu près ses limites de 1950. Le front remonte sur la base
rocheuse et l'ensemble du glacier perd terriblement en épaisseur
annonçant un recul encore plus prononcé dans les années à venir,
d'autant plus qu'il n'y a pratiquement plus d'accumulation en altitude.
L'année 2001 est la dernière année où le glacier a connu un bilan de
masse positif.
À l'heure actuelle, le glacier a complètement
libéré la crête sommitale dite des Eaux Pendantes et s'enfonce de
plus en plus. Les dômes de glace du Pic du Rif et de la
Pointe des Arcas n'existent plus, transformés en gros tas de
cailloux. Le phénomène est encore accentué par les forts vents qui
accompagnent de plus en plus les chutes de neige en altitude et qui
arrachent littéralement la neige des arêtes. Faute d'alimentation et
soumis aux fortes chaleurs estivales, c'est l'ensemble du glacier qui
est menacé ...
Évolution du front du Glacier de Séguret Foran
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Juillet 1977 |
Juillet 1977 |
Septembre 1979 |
Septembre 1979 |
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Septembre 1979 |
Septembre 1979 |
Août 1980 |
Août 1981 |
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L'enneigement de l'hiver 1976/1977 fut exceptionnel.
Il est ainsi tombé plus de 12 mètres de neige en hauteur cumulée à
Vallouise durant le seul mois de décembre 1976
[Évariste Olive (†), maire de
Pelvoux à l'époque]. L'enneigement du
glacier fut ainsi total durant tout l'été 1977. Le glacier est en
crue, son front est bombé et une langue au centre du glacier
s'avance au pied du versant. Un important épisode de neige rouge
(neige tombant en régime de forts vents du midi chargés de sables
sahariens) marqua la neige jusqu'en été, puis à nouveau en 1980. En
1979, la langue semble plus épaisse (patte de lion caractéristique
des glaciers qui avancent) et le glacier pousse terriblement
provoquant des chutes de glace sur son flanc gauche, qui alimentent
un glacier régénéré au pied des rochers. Celui-ci fait presque la
jonction en 1980, alors que la langue a commencé à tourner à droite
pour suivre le thalweg. Le glacier pousse moins sur son flanc gauche
en 1981, l'alimentation du glacier régénéré a ralenti et la jonction
sur la gauche est rompue. Par contre, le flanc droit gonfle et
progresse légèrement, de même que la langue centrale. On aperçoit
des crevasses sur le glacier régénéré qui s'est donc mis en
mouvement ...
Droite et gauche s'entendent au sens orographiques
des termes. |
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Août 1986 |
Août 1987 |
Juillet 1988 |
Août 1991 |
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Août 1996 |
Juillet 2001 |
Août 2003 |
Août 2003 |
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Le glacier a atteint son
optimum approximativement de 1983 à 1985. Il en est encore très proche
en 1986. Sa langue qui a absorbé le glacier régénéré, a tourné à
droite pour suivre le thalweg mais commence à s'étirer. Son flanc droit
est encore bien bombé alors que son flanc gauche semble déjà
s'amenuiser. La situation est quasiment inchangée en 1987 mais
l'enneigement du glacier a considérablement diminué, ce qui favorise
l'ablation. Le front supérieur est arrivé à l'extrémité des rochers mais
sans provoquer de chutes de séracs. La langue s'est considérablement
aplatie en 1988 mais des chutes de glace se poursuivent sur le flanc
gauche. Le recul du glacier est bien entamé en 1991, la langue se retire
sur les rochers même si les fronts latéraux restent gonflés. Le glacier
régénéré, plus ou trop peu alimenté, se transforme en glace morte. Le
processus de retrait s'est accentué en 1996, la langue centrale a
disparu et tous les fronts se sont aplati. La glace morte du glacier
régénéré s'amenuise. L'enneigement important de 2001 masque le retrait
généralisé de la glace. Les fortes chaleurs de l'été 2003 provoque une
diminution générale de l'épaisseur du glacier, le fort retrait de sa
langue et la quasi disparition de la glace morte. La faible épaisseur de
la glace sur son flanc gauche laisse prévoir un retrait rapide pour les
années suivantes. |
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Septembre 2007 - Photos Bernadette
Parmain, CAF Île-de-France |
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Entre 2003 et 2007, le
recul et la diminution d'épaisseur du glacier se sont fortement accélérés. Il
s'est divisé en 3 langues dont les formes en biseau témoignent assez de
l'absence d'apport de glace. Pire, les crevasses de son flanc gauche laissent
deviner les rochers sous-jacents qui ne vont pas tarder à apparaître. |
... Son voisin, le Glacier du
Monêtier avec lequel il diffluait à partir du dôme glaciaire du
Pic du Rif, se fragmente de plus en plus, la jonction est maintenant
ténue entre le glacier supérieur et le glacier central vers le Col
des Brouillards. La belle langue du glacier nord qui descend de la
Montagne des Agneaux, puissante et bien bombée dans les années 1980,
est en train de fondre sur place dans son petit vallon suspendu
...
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Front du Glacier de Séguret Foran |
Délaissée du glacier |
Glacier du Monêtier |
Juillet 2006 |
Juillet 2006 |
Juillet 2006 |
Juillet 1977 |
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Glacier du Monêtier au fil des années |
Août 1986 |
Septembre 1990 |
Août 1991 |
Août 2003 |
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... Sur l'autre versant de la
Crête de l'Eychauda, le Glacier de Séguret d'Avant est
aujourd'hui divisé en deux petits glaciers en voie de disparition ou au
mieux de transformation en glacier rocheux. Le Glacier de Clouzis
au sud du versant de Séguret est déjà à l'état rocheux. Bien que
leurs cirques soient à plus de 3000 m, leur exposition à l'est ne
pardonne pas. Pourtant la lecture du relief est sans équivoque, tout le
versant a dû être occupé par les glaces. Durant le PAG, les langues des
Glaciers de Clouzis et de Séguret d'Avant ont dû descendre
aux alentours de 2600 m.
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Versant de Séguret avec les noms |
Versant de Séguret |
Crête de l'Eychauda |
Octobre 1978 |
Octobre 1978 |
Août 1977 |
Août 1977 |
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Notes
(1) Joanne, 1902 : JOANNE (P) -
Dictionnaire géographique et administratif (..) -t.7, p.4526.
Références
Vivian, 1975 : VIVIAN (R) - Les glaciers
des Alpes Occidentales, thèse de doctorat
Gidon, 1998-2007 : GIDON (M) -
Géol-alp - Lac de l'Eychauda
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Pelvoux et
Vallouise
Vallon de Chambran
Lac de l'Eychauda
Col des
Grangettes
Glacier de Séguret Foran