La Barre des
Écrins
Massif des Écrins dominé par la Barre |
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De gauche à droite : Pics des Cavales - La Grande
Ruine - Barre des Écrins - Pic Sans-Nom |
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Vallée du Vénéon - La Barre des Écrins et les Fétoules,
vus de Lauranoure |
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La
Barre
des Écrins, les Arsines ou Arcines des anciens,
est le plus haut sommet du massif des
Écrins aux confins du Briançonnais et
de l'Oisans. Elle est constituée par une longue arête rocheuse
crénelée, en arc de cercle entre la Brèche des
Écrins (3661 m) à l'est et la Brèche Lory (3974 m) à
l'ouest. Le point culminant,
surmonté d'une croix, est situé sur
l'arête à l'est du Pic Lory (4088 m), sommet topographique d'où
divergent les arêtes. Le Dôme de Neige des
Écrins
(4015 m) continue la crête au delà de la Brèche Lory avant son
plongeon sur le Col des Écrins
(3367 m) au nord.
Avec ses 4102 mètres d'altitude, c'est aussi le point culminant du Dauphiné
et de la région PACA. Ce fut même longtemps le point culminant ignoré de
la France avant 1860 et le rattachement de la Savoie.
Le
sommet principal est entièrement situé dans la Vallouise, le
Briançonnais, les Hautes-Alpes et la région PACA. C'est le
Pic Lory (4088 m), simple antécime mais noeud orographique, qui est en réalité le point culminant de l'Oisans
et de l'Isère.
L'ensemble sommital des
Écrins |
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De gauche à droite : Arête nord-est, Barre des
Écrins - Pic Lory - Brèche Lory - Dôme de Neige des Écrins |
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Crête sommitale de la Barre des
Écrins |
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De gauche à droite : Arête ouest -Flambeau,
Clocher, Dôme de Neige - Pic Lory - Barre des Écrins |
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Avec le tout proche Dôme de Neige des Écrins
au nord-ouest (4015 m), elle constitue un magnifique ensemble sommital mais qui
est caché de tous côtés par les nombreux sommets qui l'entourent. Il faut aller
à son pied au fond de la Vallouise ou
gravir l'un des belvédères du massif pour le découvrir. Le
Dôme, simple antécime pour certains
ou sommet à part entière pour d'autres, est le sommet qui s'impose du côté de la
vallée uissanne du Vénéon. Flanqué du
Clocher des Écrins, il a
belle allure vu du vallon de Bonne Pierre
ou du belvédère
de la Tête de la Maye.
Les quatre faces des
Écrins |
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Face ouest |
Face sud-ouest |
Face sud-est |
Face nord |
Août 1983 |
Mai 2002 |
Octobre 2000 |
Août 1981 |
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Face ouest |
Face sud-ouest |
Face sud/sud-est |
Face nord |
Août 1983 |
Août 1983 |
Août 1986 |
Octobre 1978 |
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La Barre des Écrins
présente 4 versants très dissemblables et des arêtes peu marquées hormis la barre
sommitale. L'ensemble a une forme grossière de H qui s'appuie sur les deux
noeuds orographiques que sont le Dôme et le Pic Lory.
Paradoxalement, la barre sommitale et le point culminant sont décentrés.
Versant nord des
Écrins - de 1981 à aujourd'hui |
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Versant nord -
Bassin supérieur du Glacier Blanc |
Août 1987 |
Mai 1999 |
Août 1981 |
Avril 2002 |
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Versant nord - Bassin supérieur du
Glacier Blanc |
Avril 2002 |
Août 1981 |
Août 1981 |
Août 1994 |
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Son versant nord, le plus fréquenté, est
essentiellement glaciaire. Il est constitué d'un gigantesque plan incliné
recouvert de glaces jusqu'au Dôme et surmonté d'une pente rocheuse
sommitale très redressée et de moins en moins enneigée au fil des années. La pente de glace, au
relief tourmenté et fréquemment parcourue par des chutes de séracs, alimente le
bassin supérieur du
Glacier Blanc ou Glacier de l'Encoula,
écrit Enquioura et prononcé
Enquioula en patois, délimité
par la Crête des Barres ou Crête de l'Encoula au sud et les
Crêtes de (la) Roche Faurio et du Glacier Blanc au
nord. Une belle rimaye ceinture la pente sommitale ; elle est de plus en plus
marquée au fur et à mesure que le glacier s'enfonce.
Mais on notera sur l'une des anciennes
photos ci-dessous qu'il fut au début du siècle dernier plus enfoncé
qu'aujourd'hui.
Versant nord des
Écrins - de 1900 à 1950 |
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Versant nord - Bassin supérieur du
Glacier Blanc |
Vers 1900 |
Vers 1950 |
Vers 1930 |
Vers 1900 |
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Versant nord - Bassin supérieur du Glacier Blanc
Noter les différentes énormes d'englacement de la face
nord selon les années.
Il fut même un temps inférieur à ce qu'il est à l'heure
actuelle (malheureusement la datation est incertaine). |
Vers 1900 |
Vers 1910 (?) |
Vers 1950 |
Vers 1950 |
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Sa face sud-est, entièrement rocheuse,
s'élance au dessus du cirque du Glacier Noir inférieur. Haute de 1300 m, c'est le domaine des grandes
voies d'escalade. Le pilier sud qui la délimite et soutient le sommet est justement célèbre parmi les
alpinistes.
Son versant sud-ouest, dominé par le Pic
Lory et le Dôme, est occupé par le Glacier du Vallon de la
Pilatte. L'arête sud du Pic Lory au dessus du Col des Avalanches
(3499 m) sépare ce versant du couloir sud de la Barre dont l'étroite
partie inférieure constitue le Couloir Champeaux et dont les pentes de
neige supérieures sont parfois appelées Glacier des Écrins.
Autour des
Écrins - Vallon de Bonne Pierre |
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Roche Faurio |
Vus des Agneaux |
Dôme de Neige face NO -
Glacier de Bonne Pierre |
Vers 1950 |
Vers 1900 |
Vers 1890 |
Vers 1900 |
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Dôme de Neige face NO - Glacier de
Bonne Pierre |
Les Étages |
verds 1900 |
Vers 1930 |
Vers 1930 |
Vers 1910 |
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Son versant nord-ouest, ou plutôt la face
nord-ouest du Dôme de Neige des Écrins, est une magnifique paroi mixte
haute de 1000 m qui ferme le sauvage vallon de Bonne Pierre, occupé par le glacier
éponyme. Un puissant pilier central sépare un couloir orienté plein nord sous
les Jumeaux des Écrins (3730 m), et, le grand couloir ouest dominé par
l'élégant Clocher des Écrins (3808 m). Le pilier et le grand couloir -
ou
Couloir
Mayer-Dibona,
constituent des voies de grande ampleur.
Les
Écrins vus des sommets
environnants |
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Vus du Col du Glacier Blanc |
Vus des Agneaux |
Vus du Col du Monêtier |
Avril 2002 |
Avril 2002 |
Juillet 2001 |
Juillet 2001 |
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Vus du Col de Séguret Foran et du
Pic du Rif |
Vus du sommet du Pelvoux |
Juillet 2006 |
Juillet 2006 |
Août 2001 |
Août 2001 |
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La beauté,
l'ambiance et souvent la difficulté des différents
versants des Écrins exercent un fort attrait sur
les alpinistes. Pourtant il fallut attendre le
25 juin
1864 pour voir la conquête du sommet par le versant nord
et un raide
couloir direct sous le sommet
par la cordée de
Edward Whimper et al., conduite par
Christian Almer père et Michel Croz.
L'arête sud du Pic Lory
en aller-retour
fut la réussite de Henri Duhamel avec les
Gaspard Pierre, père et fils en 1880, elle
fut à nouveau gravie l'année suivante par W.A.B.
Coolidge et Christian Almer père
et fils qui en redescendant par le versant nord
réalisèrent la première traversée des Écrins.
Autour de Roche Faurio et du Dôme |
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Col des Écrins |
Glacier Blanc supérieur |
Pte de la Grande Sagne |
Octobre 1981 |
Août 1977 |
Août 1977 |
Août 1994 |
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Crêtes des Barres |
Dôme de Neige |
Clocher des Écrins |
Glacier de Bonne Pierre |
Août 1994 |
Août 1994 |
Août 1994 |
Août 1994 |
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Le versant nord -
voie
normale -
offre un parcours glaciaire de toute beauté jusqu'à la
Brèche Lory. De là, la plupart des cordées se
dirigent ensuite vers le Dôme, considéré
comme l'un des 4000 les plus faciles des Alpes - attention
toutefois à la rimaye de plus en plus marquée dont le
franchissement peut être délicat.
Le panorama y est déjà somptueux. Les autres
franchissent le ressaut rocheux, souvent verglacé, au
dessus de la Brèche Lory et parcourent ensuite en
aller-retour l'arête rocheuse facile mais 'gazeuse'
jusqu'au point culminant d'où la vue à 360° est
somptueuse.
Quelques uns, plus
aguerris, préfèrent à la foule du versant nord, la
remontée du couloir de Barre Noire et le parcours
en traversée des arêtes depuis la Brèche des Écrins
jusqu'à la Brèche Lory.
La traversée
des Écrins depuis le vallon de la Pilatte par
l'arête sud et descente par la voie normale est
classique.
La Crête des Barres depuis le sommet du Pelvoux |
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De
gauche à droite : Barre des Écrins - Barre Noire - Barre
Blanche - Grande Sagne
En
arrière plan : Le Râteau et la Meije - Les Aiguilles d'Arves
- Pic de Neige Cordier
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Les grandes voies,
à l'ambiance sauvage caractéristique du massif, se
trouvent, d'une part, sur la face sud-est : la voie
historique Reynier (avec Maximin
Gaspard et Joseph Turc - 1893),
l'éperon central (Vernet G.
et J., Charignon, Morin - 1935),
voie diagonale (P. Héraud,
E. Frendo - 1941),
... , le réputé et difficile pilier sud (Jeanne et
Jean Franco, 1944),
et d'autre part, sur le versant nord-ouest du Dôme
: le grand couloir central (Guido Mayer,
Angelo Dibona - 1913),
le pilier central (P.
Girod,
R. Vivet
- 1959).
L'hiver ou plutôt
au printemps, le bassin du Glacier Blanc offre
plusieurs itinéraires de
ski de montagne de toute beauté. Citons, le Col
Émile Pic (3483 m), le Col de (la) Roche Faurio
(3376 m), l'antécime de Roche Faurio (3730 m) et
pour finir en beauté, le Dôme de Neige des Écrins
(4015 m).
Levers et couchers de soleil sur les
Écrins |
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Face sud-est et Pilier sud |
Vus de l'est |
Août 1980 |
Août 1980 |
Juillet 2006 |
Juillet 2001 |
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Face nord - Glacier Blanc |
Versant sud-ouest, depuis le
Refuge de la Pilatte |
Août 1994 |
Août 1994 |
Mai 2002 |
Mai 2002 |
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L'altitude élevée et la topographie ont
favorisé l'établissement d'ensembles glaciaires importants :
Le Glacier Blanc avec près de 5
kilomètres de long est le plus important. Il descend du versant nord de la
Barre et occupe le bassin suspendu derrière la Crête des Barres.
D'abord orienté à l'est/nord-est, il s'incurve au sud à l'extrémité de la crête
pour franchir le verrou qui ferme son bassin supérieur. En fort recul sur son
front, il s'enfonce de plus en plus sous la Barre dégageant une
impressionnante rimaye. Son bassin supérieur, autrefois dans sa zone
d'accumulation, se retrouve le plus souvent en zone d'ablation.
Le Glacier Noir inférieur naît sous
sa face sud-est et le versant nord-est du Pic Coolidge qui l'alimentent
de leurs avalanches de neige et de leurs éboulements de rochers - le dernier grand éboulement survenu durant
l'été 2005 a laissé une large cicatrice sur le versant du Pic Coolidge.
Complètement séparé du Glacier Noir supérieur, il risque de fondre sur
place. Sa dislocation en amont du front a d'ores et déjà commencé.
Le Glacier de Bonne Pierre profite
de la protection des fortes pentes du Dôme et des sommets de sa rive
gauche. C'est un glacier de vallée typique long de plus de 3 kilomètres. Comme
le Glacier Noir, il a construit une importante moraine latérale effilée
et régulière sur sa rive droite.
Le Glacier du Vallon de la Pilatte
occupe le versant sud-ouest des Écrins. C'est un glacier de versant dont
l'altitude n'arrive plus à compenser l'orientation peu favorable.
Lumière d'automne sur les
Écrins et le Glacier Noir |
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Face sud-est de la Barre -
Glacier Noir - Au fond, le Pic Coolidge et le Fifre |
Septembre 2006 |
Septembre 2006 |
Septembre 2006 |
Octobre 2004 |
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Longtemps à l'écart et méconnue, la
Barre des Écrins tarda à être nommée. Elle ne figure pas sur le cadastre de
la commune de Pelvoux qui ignore les zones d'altitude non productives,
elle fait seulement partie de la longue Crête des glaciers de la Véra de Pervoz
que l'IGN situe aujourd'hui trop à l'ouest.
Montagne d'Oursine [Bourcet,
1758], les Arcines [Ladoucette, 1848],
les premiers alpinistes l'ont connue sous le nom de Pointe des Arsines,
avant que les géographes ne lui donnent par erreur le nom de la barre rocheuse
qui domine la Grande Sagne, alias le Pré de Madame Carle [Francès, in Nommer l'espace, LMAR,
1997 et Vallouimages in
Toponymie
de la Vallouise] !
Trois refuges desservent actuellement la
Barre des Écrins et ses satellites, le Refuge du Glacier Blanc
(2542 m) et le Refuge des Écrins (3294 m) côté Vallouise, et le
seul Refuge Temple-Écrins côté Bérarde (2410 m). Les deux premiers
ont remplacé respectivement le Refuge Tuckett transformé en musée,et le
Refuge Caron qui n'existe plus. Le troisième a remplacé un premier refuge
emporté par une avalanche.
Quatre refuges se succédèrent au Pré de
Madame Carle, le Refuge de la Jonction, construit en 1877 et détruit
8 ans plus tard, le Refuge du Ban sous la moraine éponyme qui ferme la
Grande Sagne à l'aval du Pré qui ne résista pas 2 ans, le
Refuge Cézanne en bois monté en 1902 et son annexe rajoutée en 1903 qui
connut un grand succès avec l'arrivée de la route en terre en 1935, puis le
chalet-hôtel actuel qui remplaça le vieux refuge en 1955.
Il existait également un abri-refuge à la
fin du XIXe siècle dans le Vallon de Bonne Pierre vers 2560 m sous le
contrefort rocheux de la Tête Sud de la Somme. À l'heure actuelle, si
certains partent très tôt de la Bérarde, beaucoup préfèrent bivouaquer
sur le replat en haut de la moraine vers 2900 m.
Notes :
(1) La dernière altitude mesurée de la Barre en 2017 est
de 4101 m, l'IGN ne l'a pas encore 'officialisée'. Il n'est d'ailleurs
pas dit qu'elle le fasse.
Albums photos :
Barre des Écrins
-
Ascension
de la Barre des Écrins (4202 m)
Ascension réalisée avec
Pierre Favre et Marcel Robert du
Bureau des Guides des
Écrins.
Ski en Écrins
- Ski de montagne à Roche Faurio (3730 m) et au
Dôme de Neige (4015 m)
Articles connexes :
Barre des Écrins
- Nouvelles altitudes,
avec plusieurs autres liens connexes.
150e anniversaire de la première ascension :
commémoration
et récit.
Pré de Madame Carle
Glacier Blanc
Glacier Noir
Glacier de
Bonne Pierre