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Vallée de la Clarée - La Vachette, et, au-delà Briançon

La Vachette - 1985

Vallée de la Clarée - Val-des-Prés

Val-des-Prés - 1985

Vallée de la Clarée - Plaine de Névache

Vallée enneigée ou vallée en fond de vaisseau ?

Vallée de la Clarée - Plaine de Névache

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Haute Clarée

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Vallée de la Clarée ou Vallée de Névache

La vallée est appelée indifféremment soit vallée de la Clarée soit vallée de Névache. On entend ou on lit même parfois le nom de Névachie - terme érudit peu élégant et d'ailleurs peu usité, mais non sans fondement. La Clarée est le nom du cours d'eau qui parcourt la vallée. Névache est le nom du village emblématique de la vallée. C'est aussi son nom d'origine - Annavasca valle en 739.

Aujourd'hui, ce sont avant tout des appellations touristiques, également fondées selon que l'on prend le nom du cours d'eau ou celui du village principal, même si les géographes préfèreraient la première version qui s'applique à la vallée sur toute sa longueur, alors que l'aval est Val-des-Prés.

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L'appellation Clarée est beaucoup plus récente, ses premières indications remontent aux cartes du XVIIIe siècle : sur les minutes au 1/14 400 de la carte de Bourcet de la Saigne (v. 1750) - la Clairé ; sur la carte de Cassini en 1779 - la Claire. On trouve aussi le Claret, le Clairet, la Clairée sur les anciennes cartes. Au premier abord, on pourrait penser que ce nom lui vient de la clarté remarquable de ses eaux. On peut plutôt le rattacher à un nom local que l’on retrouve aussi du côté de la vallée piémontaise de la Doire, dans le Val Clarea parcourue par la Clarea, C’est un faux ami, car il est à rattacher au latin glarea qui signifie ‘caillou, gravier, gros sable’, de la racine *CAR, *GAR = ‘pierre, roche’ et à l’origine du mot « glarier » qui a les sens de ‘dépôt de galets, graviers, sable le long des cours d’eau ou en avant des glaciers en retrait, délziddée glaciaire’. En occitan, glaïra signifie ‘gros gravier’ [Honnorat]. On est bien loin de la remotivation touristique actuelle construite sur un contresens. Loin d’être louée pour la clarté de ses eaux, la Clarée était vue (et redoutée…) comme une rivière qui arrachait, transportait et déposait graviers et sable.



Auparavant elle était simplement appelée littéralement l'Eau de Névache - Aqua de Nevachia en 1317, Aqua Nevachie et Aqua Nevachete en 1347, Aqua Nevachie en 1379 et 1426
[Roman (J)].

Les documents cartographiques des XVIe et XVIIe siècle lui donne le nom de Druenza en distinguant une Druenza magna - notre belle Clarée, et une Druenza piccola  - la minuscule Durance actuelle [Pedemontana regio - Mercator (1589), carte du Dauphiné - Tassin (1634), Sanson d'Abbeville (1641, 1648, 1652), Borgonio (1680)]. Pas de confusion, la Durance n'a pas emprunté son nom à la Clarée, mais l'a au contraire imposé au cours d'eau affluent. Comme en Vallouise, le nom Durance s’appliquait également à la rivière principale et à son affluent.

Une carte du XVIIIe siècle, la nomme la Claire en amont de Plampinet et la Dure en aval. La même carte désigne la Guisane sous le nom d'Ance et nomme enfin Durance la réunion des deux cours d'eau en aval de Briançon [Rostolland (H), 1930] !

Pour les locaux, notre rivière est longtemps restée simplement l'Aïgue, l'Eau, voire la Grand' Aïgue, la Grande Eau. Elle prend sa source à la Mère de l'Aïgue et traverse le Plan de l'Aïgue à Fontcouverte.

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L'appellation Annavasca ou Annevasca remonte au contraire à la nuit des temps. Elle a même peu varié dans le temps : Annavasca en 739 (testament du patrice Abbon), Nevasca en 1118, 1158 et 1183, Nevascha en 1225, Nevachia en 1330, Nevasia en 1334, Novachia en 1358, Navaysse en 1568 [Roman (J)] Neuvache au XVIIIe siècle [Bourcet de la Saigne, v. 1750 ; Cassini, 1779], mais aussi Navaschia au XIe siècle - Castrum de Navaschia, Navissia, Navaychia, Navasche, Navascha en 1343 - Condominus de Navascha, Naveichia, et, même Nepvache [Bouquier (S)].

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La tradition érudite [Rostolland (H), 1930] et la facilité donne le sens de « vallée enneigée » à la vallée de Névache à partir de Annavasca valle et sa variante Annevasca valle, n'hésitant pas à associer le latin NEV- < latin NIX, NIVIS = neige au suffixe -ASCA.

Hypothèse rejetée par les toponymistes, pour son incohérence linguiste, qui avancent au contraire l'hypothèse à partir d'un nom d'homme gaulois AN(N)AVO ou romain AN(N)AVUS + suffixe -ASCA [Dauzat-Rostaing (1983), Bouvier (2002), Faure (1998), Nègre - § 1234 (1990)] en donnant au suffixe le sens de propriété, « la ferme de An(n)avo », en quelque sorte, en repartant sur une nouvelle incohérence temporelle.

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Plus vraisemblablement, [Bouquier (1974)] l'étymologie est à rechercher du côté du radical hydronymique préceltique *NAV- > *NAVA = « vallée à fond plat, circulaire ou semi-circulaire », associé au suffixe -ASCA que l'on retrouve en de nombreux lieux : crêtes de Naves, signal de Naves, Navacelles, Nabas, Nages, la Navisanche, Antonaves, Navette, Navas, ... Bien que Dauzat-Rostaing et Faure aient repéré ce radical auquel ils donnent le sens de « plaine, plateau », bizarrement ils ne l'appliquent pas à Névache.

Ceci confirme une constante de la toponymie, les anciens noms utilisés pour désigner respectivement une montagne, une rivière, une vallée, ... comportent le sens de montagne, rivière, vallée, ... , et ce d'autant plus que l'appellation est ancienne !

Annavasca, Névache, c'est la « vallée à fond plat ». Même valle est déjà de trop, mais en 739, le sens d'origine était peut-être déjà perdu.

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Pour Dauzat-Rostaing, *NAV-, *NEV-, *NIV- sont trois variantes vocaliques du même radical hydronymique pré-indo-européen *NAV- à l'origine de nombre de cours d'eau :

Les voisines, la Névache ou Neuvache et la Névachette ou Neuvachette à Valmeinier et Valloire. L'homonyme, la Navaccia, affluent de la Tartagine en Corse et un autre Navaccia, au bord du Lac Trasimène en Ombrie (Italie). Et même deux que l'on ne peut soupçonner d'avoir un lien quelconque avec la neige : la Nièvre, affluent de la Somme - eaue de Neve en 1267, et la Nièvre, affluent de la Loire - Nevera autrefois.

Ernest Nègre dans sa TGF donne plusieurs exemples de noms de lieux remontant au radical *NAVA = « vallée, auge », qu'il donne comme préceltique mais déjà indo-européen. Comme Dauzat-Rostaing, il rate le coup pour Névache, préférant un très hypothétique patronyme intemporel.

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Références

Bouquier, 1974 : BOUQUIER (S) - Guide historique et touristique de la vallée de Névache.

Bouvier, 2002 : BOUVIER (JC) - Noms de lieux du Dauphiné.

Dauzat, Rostaing, 1983 - DAUZAT (A),  ROSTAING (C) - Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France.

Faure, 1998 : FAURE (A) - Noms de lieux et noms de familles des Hautes-Alpes.

Ferrand : FERRAND (H) - Le Pays Briançonnais - De Briançon au Viso, la vallée de Névache et le Queyras.

Gros, 1935 : GROS (A) - Dictionnaire étymologique des noms de lieux de la Savoie.

Nègre, 1990 : NEGRE (E) - Toponymie Générale de la France, TGF.

Romagne, 1981 : ROMAGNE (Abbé L) - Églises et Chapelles de Névache.

Roman, 1884 : ROMAN (J) - Dictionnaire topographique du département des Hautes-Alpes.

Rostolland, 1930 : ROSTOLLAND (H) - Névache et la vallée de la Haute-Clarée.

Sentis, 1982 : SENTIS (G) - Névache et sa vallée.

Toponymie de la Clarée - Étude et Étymologie des noms de lieux de la Clarée.

 

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