Toponymie
de la Vallouise
Étymologie des noms de lieux
Entre les Aygues
Entre les Aygues est situé en amont de la vallée de
l'Onde au confluent des torrents de la Selle et des
Bans. Il s’agit d’une des portes d’entrée
(1) dans le cœur du Parc
national des Écrins et plus anciennement du premier
hameau habité de la Vallouise que rencontraient les
voyageurs du XIXe siècle qui arrivaient du Champsaur par
le Col de l’Aup Martin ou du Valgaudemar par le Col du
Sellar.
La graphie Entre les Aygues est originale
et est spécifique à la
Vallouise.
Elle distingue ce lieu des divers autres Entraigues, que
l’on rencontre en zone occitane (2).
À ce titre, elle doit être préservée pour éviter une
uniformisation des toponymes et sa banalisation.
Mise à jour (juillet 2022) :
la dernière
version de la carte IGN sur Géoportail a sabré l'ancienne prononciation locale
du nom en supprimant la semi-voyelle /y/, tandis que l'usage local dérive de
plus en plus vers « Entraigues ».
Pour ma part, en tant que toponymiste, je reste fidèle à
la graphie historique locale avec la semi-voyelle /y/,
également présente dans de nombreux autres noms de lieux
dans la région, à commencer par Queyras, que l'IGN
hésitera peut-être à écrire "Kéra" !
Entre les Aygues signifie « entre les eaux », du
latin inter aquas. En occitan, ce nom
a abouti à Entre les Aygues et Entraigues et leurs
variantes
; en francoprovençal, à Entrèves ; en français,
à Entre les Eaux ou Entre Deux Eaux, comme à Termignon.
Entraunes, dans les Alpes Maritimes, a à peu près le
même sens. Le nom de la Biaysse, dans la vallée de
Freissinières, reprend aussi le sens de « deux eaux,
deux aygues », du latin bis aquae. D’où
l’importance du positionnement correct du Y
(3).
Traditionnellement on considère que le nom est lié à
la proximité des torrents de la Selle et des Bans,
mais la discordance entre la toponymie et la
topographie est trop forte pour ne pas remettre en
cause cette hypothèse : Entre les Aygues ne se situe
pas 'entre les eaux' de ces deux torrents, mais
simplement sur le cône de déjection du Riou du Gerpa
au-dessus de la zone de confluence. Ce nom est non
seulement celui du hameau mais encore celui du
quartier, au sens cadastral du terme, où se trouve
le cône de déjection du Riou du Gerpa. Il va du
torrent de Rascrouset, à l'ouest, au chenal
historique (XIXe siècle) du Riou du Gerpa qui se
trouvait alors à l'est du cône, bien avant d'arriver
au hameau proprement dit (cadastre, 1840 ; minutes
de la c.e.m., v. 1850).
Le Riou du Gerpa est un
torrent actif soumis à de violentes laves
torrentielles, descendues du vallon de Rascrouset,
qui ont construit son cône au fil du temps et
provoqué des changements dans les emplacements des
chenaux sur le cône. C'est ainsi qu'au XXe siècle,
le chenal principal est passé de l'est à l'ouest du
cône, les deux ayant même existé en même temps
(cartes IGN vers 1950). Le cône se trouvait
véritablement 'entre les eaux'. Il est repassé à
l'autre extrémité lors de la lave torrentielle des
26 et 27 septembre 2024.

La feuille G10 du cadastre correspond au quartier d'Entre les Aygues
qui recouvre tout le cône.
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Notes :
1. Son aménagement fait partie des
projets de la commune.
2. Quand on parle d’Entre les Aygues, il s’agit forcément de Vallouise.
3. Le Y dans Entre les Aygues comme dans Biaysse n'est pas là pour faire joli.
Il correspond à une semi-voyelle, également écrit ï (i tréma), qui se prononçait
[ ajg ] et
non [ ɛg ].
On est très proche de l'occitan aïgua, aïgo = « eau », prononcé
[ 'ajgɔ ].
Biaysse se prononçait
[ 'bjajse
] (deux syllabes).
À noter que
le -e final se disait [ e ] (é) en aval de Prelles (Prelles inclus), en amont il
devenait [ ə ]. Entouré de deux semi-voyelles, c’est le son [ a ] qui domine, on
est donc loin de la prononciation de Biaisse ou Biaysse à la française : [ ‘bjɛs ].
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Références :
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Pour accéder au texte complet et au dictionnaire
toponymique, merci de bien vouloir en demander l'adresse à l'auteur :
contact<<at>>vallouimages.com