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Entre les Aygues - Vallon de
Rascrouset, Riou du Gerpa
Une lave torrentielle provoque la
création d'un 'lac'
____________________
«
Un mini la Bérarde
» ‒
26 et 27 septembre 2024
____________________
Fig. 1
‒ L'ancien chenal est au fond, le nouveau résulte d'une forte
incision dans les premiers dépôts. La lave torrentielle s'est largement
abousée dans le lit de l'Onde créant un solide barrage de plusieurs
centaines de mètres d'épaisseur. |
1 Durant la nuit du jeudi 26 au
vendredi 27 septembre 2024, Entre les Aygues (1) a
été victime d’une catastrophe dont le déroulement rappelle à plusieurs
égards celle qui a détruit la Bérarde au mois de juin 2024 dans la
vallée voisine du Vénéon.
Une lave torrentielle issue du vallon de Rascrouset (2)
a dévalé le ravin du Gerpa (3). Arrivée sur le cône
de déjection, après avoir rempli le chenal du torrent et recouvert le
plan d’Entre les Aygues, enfouissant la passerelle au passage, elle
s’est déviée sur le côté aval du cône, a piqué tout droit sur
l’extrémité du site par le Gerpa, a coupé la route et a barré le torrent
de l’Onde.
L’engravement du cours de celui-ci, en amont du pont des Fauries (qui a
été broyé malgré sa hauteur), a fait barrage avec création d’un 'lac' à
l’aval du plan d’Entre les Aygues, précisément au lieu-dit le Gerpa
(ruines enfouies par la lave). La superficie initiale de ce nouveau
« Lac du Gerpa »
est de l'ordre de quelques hectares.
Les dégâts sont considérables tout le long de l’Onde avec des portions
de routes arrachées ou engravées. Toute la vallée est sinistrée. Au
débouché dans la plaine de Vallouise, le flot a débordé en profitant de
la brèche dans la digue de rive gauche qui n’avait pas été réparée après
la crue des 20 et 21 juin, trois mois auparavant. Les conduites d’eau
ont à nouveau été détériorées avec un impact sur l’alimentation en eau
notamment du réservoir de la Casse. |
Ces dégâts
font suite aux fortes précipitations survenues le 26 septembre 2024 en
lien avec la tempête Aitor sur la Manche. Selon Météo-Alpes-Provence (27
septembre 2024), plus de 60 mm de pluie sont tombés sur les
Écrins, probablement plus en altitude, avec une isotherme 0 °C
avoisinant les 4000 m. |
← Sur les
photos ci-contre, on constate qu'il ne reste rien de la passerelle des
Fauries et que la route a été construite sur les alluvions déposés par
une ancienne lave torrentielle dans le lit du torrent.
← Sur la
dernière photo, on peut voir qu'il y a une résurgence sous la route, ce
qui indique que l'eau circule en sous-sol et derrière les soutènements
de la route. |
__________
2 Le vallon de Rascrouset
(figures
2
et 3) orienté au
sud-ouest, est un vallon glaciaire situé sur la rive gauche du bassin de
l'Onde qu'il rejoint à Entre les Aygues par deux ravins distincts : le
ravin de Rascrouset
stricto sensu dans l'axe du vallon et le ravin du Gerpa par lequel
dévale le torrent principal dont le cours change brusquement de
direction vers 2250 m où il quitte le ravin de Rascrouset stricto
sensu pour le ravin du Gerpa. C'est un affaissement du côté du Gerpa (4)
qui a provoqué la capture du torrent. L'effondrement est toujours actif
et aboutit à une dislocation en gros blocs de rochers sur un terrain
écorché pourvoyeur habituel des laves torrentielles en matériaux, d'où
le micro-toponyme les Escourchons (5).
Le ravin du Gerpa débouche sur un vaste cône de déjection à Entre les
Aygues, sur lequel les anciens n'avaient pas hésité à construire le
hameau d'estive du même nom (6).
La lave torrentielle est partie de la délaissée de l'ancien glacier de
Rascrouset, caché derrière l’éperon sud-est de la pointe Guyard. Sur la
photo à droite, on voit bien la saignée dans les moraines de
l’ancien glacier. On notera aussi un dépôt sur le replat
intermédiaire vers 2400 m.
Et dans le ravin du Gerpa, les matériaux de la zone des Escourchons
ont renforcé considérablement l'apport d'alluvions.
|
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Fig. 2
‒ Vue d'ensemble du vallon de Rascrouset |
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Fig. 3
‒ Vue d'ensemble du vallon de Rascrouset |
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Fig. 4
‒ Haut vallon de Rascrouset
sous l'ancien glacier |
3 Les deux photos du haut du
vallon de Rascrouset, sous l'ancien glacier, l'une vers le haut, l'autre
vers le bas, montrent la saignée creusée par le torrent dans les anciens
éboulis morainiques. Leur couleur est caractéristique des granites
rouges du petit massif des Bœufs Rouges (qui lui ont donné son nom) et
en particulier de la Pointe Guyard au sommet du vallon.
Les images satellites (colonne de gauche) représentent le vallon avant
(15 septembre 2024) et après (5 octobre 2024) la lave torrentielle.
La comparaison permet de repérer
le chenal décapé du torrent jusque sous l'ancien glacier
(conformément aux Fig. 4
et
5 ci-contre et
ci-dessous), exactement à partir de la moraine frontale du Petit Âge
Glaciaire (PAG).
La comparaison au
niveau de la délaissée glaciaire fait remonter au premier névé qui a
notablement diminué → |
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Fig.
5 ‒ Haut
vallon de Rascrouset sous l'ancien glacier |
→ entre le 15 septembre et le 5 octobre et
fait ressortir le creusement d'un chenal bien marqué entre le
névé et la moraine frontale qui n'existait pas au mois de septembre. Par
contre, il n'y a pas de changement notable en amont de ce névé (7),
que l'on peut considérer comme le point de départ de la lave
alimentée par les débris morainiques de sa rive gauche où
l'ancienne moraine du PAG est attaquée
(Fig. 4).
4 La
lave torrentielle a ensuite surcreusé et décapé le lit du torrent de
Rascrouset puis a plongé dans le Ravin du Gerpa où elle s'est
renforcée des apports des terrains écorchés
qui dominent sa rive gauche, en vitesse et en énergie (Fig.
2,
4 ,5).
À l'apex du cône de déjection, elle a commencé à remplir le chenal du
Riou du Gerpa qui rejoignait alors l'Onde en amont d'Entre les Aygues, à
l'ouest du cône, puis a basculé de l'autre côté du cône avec un
écoulement principal par le Gerpa jusqu'à l'Onde où elle s'est abousée (7)
et un écoulement secondaire qui a recouvert l'entrée du parking mais
sans atteindre le torrent (Fig. 7).
Dans les dépôts en fond de vallée, on retrouve (Fig.
1) à la fois les roches rouges des hauteurs et les matériaux
blanchâtres résultant du ravinement et de l'affouillement des
Escourchons. On a déjà noté la forte incision dans les premiers
dépôts rougeâtres dans la partie haute du cône, alors que dans la partie
basse dépôts rougeâtres du haut de Rascrouset et alluvions
blanchâtres du Gerpa sont imbriqués. Leur étude détaillée permettrait de
mieux comprendre le déroulement des événements, car les matériaux
provenant du haut de Rascrouset et ceux issus du Ravin du Gerpa ne se
sont pas répandus en même temps.
Je remercie Jean-Jacques Roux qui a pu photographier
le haut du vallon depuis son parapente le 31 octobre 2024 et qui m'a
autorisé à publier ses photos.. |
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5 Le cône de déjection du Gerpa à Entre les Aygues. |
Le cône est nommé en référence au torrent qui l'a créé, le
Riou du Gerpa, plutôt que par rapport au lieu, Entre les Aygues,
où il se trouve. Le riou doit son nom au chenal historique qu'il
empruntait autrefois (cadastre napoléonien v. 1840, minutes de la c.e.m.
v. 1850) et qui rejoignait l'Onde à son lieu-dit éponyme, le Gerpa
(8).
La feuille G10 du cadastre (Fig. 6)
correspond au quartier d'Entre les Aygues qui recouvre tout le
cône.
La carte ci-dessous indique l'évolution des chenaux à partir de
l'apex du cône de déjection et l'emplacement approximatif du 'lac' après
la catastrophe.
La photo ancienne (Fig. 8)
montre l'état du cône lors de la crue historique de l'Onde en 1928.
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Fig. 6
‒ Entre les Aygues, cadastre |
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Fig. 7 ‒ La carte
indique le chenal avant la catastrophe en 1 et après en 2, avec des
écoulements intermédiaires en 3. Le chenal 1 est apparu dans la première
moitié du XXe siècle, après la crue de 1928, précédemment il était en 4.
Les deux figuraient encore sur les cartes de 1950.
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Fig. 8 ‒ Cette photo,
prise en juillet 1928, lors de la crue de référence du XXe siècle,
montre le recouvrement du cône de déjection à Entre les Aygues par une
lave torrentielle au débouché du ravin du Riou du Gerpa.
ADHA, 21 Fi 883, Service RTM, juillet 1928.
|
Le changement du
cours du torrent sur le cône n’a rien d’extraordinaire. C’est
même un processus courant de formation des cônes de déjection au
fil des crues en n'oubliant pas que les paysages actuels
résultent des catastrophes (crues, inondations, glissements de
terrains, etc.) antérieures. Le torrent a simplement adopté un
cours proche du cours historique repéré sur les cartes
anciennes, par exemple sur les minutes au 1/40 000 de la c.e.m.
(vers 1850). |
Entre les Aygues ‒ La lave
torrentielle et le nouveau 'lac'
Album de 10 photos de Jules Morand,
Vallouise, le lendemain de la catastrophe. |
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Ravin du Gerpa |
Nouveau 'lac' du
Gerpa |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
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Étalement de la
lave torrentielle |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
27 septembre
2024 |
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Cliquer sur les
photos pour les agrandir |
Le Ravin du Gerpa
(1re photo)
résulte d'un ancien affaissement sous la rive gauche du Ravin de
Rascrouset proprement dit. Il a capté le torrent de Rascrouset renommé
Riou du Gerpa dans sa partie basse !
Les quatre photos suivantes
illustrent la taille initiale du 'lac', de l'ordre de plusieurs
hectares.
Les cinq dernières photos
montrent l'étalement de la lave sur toute la largeur de la vallée et son
prolongement dans la gorge de l'Onde en direction de l'aval.
Les deux dernières photos
montrent ce qu'il reste de la route...
Les photos font ressortir
les constituants multiples des dépôts, la teinte rouge confirme l'apport
de la partie haute du vallon de Rascrouset et les alluvions blanchâtres
la contribution des Escourchons sous les rochers fracturés dans
le Ravin du Gerpa. La dernière photo confirme que les pentes rougeâtres
entaillées par le torrent résultent également d'anciennes laves de même
type. |
__________
6 La lave torrentielle
a donc dans un premier temps rejoint le torrent des Bans par le chenal 1
du Riou du Gerpa en amont des maisons et du parking, qui ont été
épargnés, et a largement recouvert le plan en enfouissant la passerelle
au passage. Dans un second temps, après avoir rempli le chenal 1,
elle s'est déportée du côté aval où elle s'est étalée en suivant la
direction 2 jusqu'à barrer l'Onde et créer le 'lac'.
Le torrent a ensuite creusé le chenal depuis le haut du cône en incisant
fortement la couche d'alluvions précédemment déposée, jusqu'à créer une
terrasse sur sa rive droite. La coupe de celle-ci montre qu'il s'agit de
terres rouges descendues du haut du vallon de Rascrouset (Fig.
1,
4 et
5). Comme en 1928, des
écoulements et dépôts secondaires ont également eu lieu au milieu du
cône, en 3 jusqu'à l'entrée du parking. Très vite, le Riou du Gerpa a
quitté la direction principale de la coulée 2 pour tirer à gauche et
rejoindre l'Onde en aval du barrage. Il n'alimente donc pas le 'lac'
(Fig.
1).
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Fig. 9
‒ Entre les Aygues - La lave torrentielle
et le 'lac'
__________
7 Le
'lac' se situe juste en aval du confluent entre les
torrents des Bans et de la Selle. On peut donc
considérer que son exutoire constitue en quelque sorte
la 'source' de l'Onde. Les dépôts se poursuivent
dans le lit de l'Onde sur plusieurs centaines de mètres
en direction de l'ancienne passerelle des Fauries.
C'est dire l'épaisseur du barrage qui a provoqué la
création du 'lac'. Sa hauteur s'exprime en mètres, alors
que sa largeur est de l'ordre de plusieurs centaines de
mètres. Le nouveau lit de l'Onde se fera donc plutôt par
incision dans les alluvions avec apparition de terrasses
sur les rives.
Même si sa pérennité n'est pas assurée, on désigne déjà le 'lac' dans
les conversations comme étant le « Lac
d'Entre les Aygues ». Toutefois se situant au lieu-dit « le Gerpa »,
il conviendrait plutôt de lui donner le nom du lieu où il se trouve,
comme il est d'usage et comme cela a déjà été fait pour le Riou du
Gerpa. Soit « Lac du Gerpa ». Mais au fil du temps, c'est l'usage qui
tranchera, ... s'il perdure.
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Fig. 10
‒ 'Lac' du Gerpa,
avec les Bans en arrière plan
8 La
surface initiale du 'lac' était de quelques hectares et sa profondeur
est faible, quelques mètres tout au plus, moins d'un mètre sur une
grande partie. Les deux côtés du barrage sont en pentes douces, très
douce même du côté amont. Le niveau du 'lac' a beaucoup baissé depuis sa
création fin septembre et sa surface s'est également fortement réduite
du fait de sa faible profondeur en dégageant des plages à l'amont du
barrage et sur sa rive gauche. La photo ci-contre de la 'source' de
l'Onde montre que le 'lac' débordait encore début novembre, ce qui
n'était plus le cas à la fin du mois, où l'écoulement en surface s'est
tari. Il va falloir attendre le printemps pour que l'érosion du barrage
et l'incision des alluvions commencent. Une résurgence plus en aval,
vers l'ancienne passerelle des Fauries et d'autres un peu après, avec
remise du torrent en eau (fin novembre 2024), indiquent l'existence
d'infiltrations dans le lit souterrain qui peuvent participer à la
baisse du niveau du lac (9).
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Fig. 11
‒ 'Lac' du Gerpa
__________
9 En amont de l'ancienne
passerelle des Fauries, la route a été soit détruite soit recouverte
d'alluvions, mais l'espace construit et la plus grande partie du parking
au bout de la route ont été préservés. Deux voitures sont restées
quelques semaines supplémentaires sur le parking avant d'être évacuées
par hélicoptère. La passerelle du chemin du vallon de la Selle a été
enfouie sous les graviers de la lave torrentielle qui s'est écoulée par
le chenal 1 du Riou du Gerpa (à l'amont du parking) et qui a rehaussé le
niveau du lit du torrent des Bans de quelques mètres.
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Fig. 12
‒ Entre les Aygues - Murger de protection
__________
10 Comme lors de la crue
historique de 1928 (Fig. 8),
le hameau ancien d'Entre les Aygues et ses abords ont été préservés :
les coulées sont en effet passées de part et d'autre. Autrement dit, si
les anciens ont bien pris le risque de construire sur un cône de
déjection actif ils ne l'ont pas fait n'importe où ! Ils ont exploité la
présence d'une petite échine sur le haut du cône, suffisante pour
détourner laves et avalanches d'un côté ou de l'autre. Ils l'ont
enregistrée dans la microtoponymie sous le nom appropriée de
« Serre la Platte » (soit 'échine en
plan incliné').
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Fig. 13
‒ Entre les Aygues après les inondations de juillet 1928
ADHA, 21 Fi 3483, Service RTM, juillet 1928
La protection des maisons et, peut-être encore plus, des terrains
exploités proches était renforcée par des murgers soigneusement
construits et dans le sens de la pente de façon à canaliser les
divagations du torrent. Certains étaient même parementés (Fig.
12).
__________
11 On peut s’interroger sur la
pérennité du lac. Dans le Pays des Écrins, on a connu un précédent avec
le ‘lac’ de Fangeas en face de Dormillouse (Freissinières) sur le Torrent du
Ruffy. Il était en phase de comblement lorsque les crues du 20 octobre 2023
ont fait sauter le barrage créé par le Combaras une soixantaine d’années
auparavant. Ici, le barrage fait plusieurs centaines de mètres, voire plus
d’un kilomètre, ses deux faces sont en pente douce è très douce à l'amont et
il est à l’extrémité aval de la zone de dépôts des torrents, donc au minimum
d’énergie érosive. Il est aussi plus grand avec une surface de quelques
hectares. Mais son sort est déjà scellé, sauf nouvelle lave rehaussant le
barrage, il va se combler au fil des crues !
En attendant, il va se remplir et déborder à nouveau au printemps par dessus
la large crête du barrage que l'Onde va commencer à inciser. En aval du
barrage, elle va devoir se creuser un nouveau chenal dans les alluvions
déposés par la lave.
__________
12 Avec l'augmentation de la
fréquence d'"événements météorologiques extrêmes marqués par de très
fortes précipitations, la répétition de ce type de catastrophe est de
plus en plus probable, d'autant plus que le volume de matériaux à
mobiliser en altitude est énorme.
Paul Billon-Grand
Vallouimages
15 décembre 2024
__________
Notes :
(1) « Entre les Aygues » (sans traits d’union, puisqu’il ne
s’agit pas d’une commune) et à ne pas confondre avec la commune d'Entraigues qui
se trouve dans le Valbonnais en Isère. Comme déjà dit à plusieurs occasions,
dans la région, les Y (ou les trémas sur le I) ne sont pas là pour faire joli
mais indiquent la prononciation locale. Les exemples sont nombreux, ainsi
« naïs »,
prononcé et parfois écrit [nayes].
À noter que la dernière version de la carte IGN sur
Géoportail a sabré l'ancienne prononciation locale du nom en supprimant la
semi-voyelle /y/, tandis que l'usage dérive de plus en plus vers «
Entraigues ». Pour ma part, en tant que
toponymiste, je reste fidèle à la graphie historique locale avec la semi-voyelle
/y/, également présente dans de nombreux autres noms de lieux dans la région, à
commencer par Queyras, que l'IGN hésitera peut-être à réécrire "Kéra" !
↑
(2)
La manie de rajouter des articles aux noms de lieux à tort et à travers a encore
frappé ! C’est ainsi que « Rascrouset », également écrit « Rascrouzet », au sens
de ‘ravin creux, creusé’, est devenu « le Rascrouset » sur la version actuelle
de la carte IGN. L'absence de l'article est un marqueur de l'ancienneté du nom.
Cela fait deux
grosses erreurs de l'IGN sur un minuscule bout de carte... C'est beaucoup.
Dommage, qu'on laisse ainsi le patrimoine immatériel de la commune s'effilocher
en coupant avec ses racines. ↑
(3)
« le Gerpa » est le nom d'un lieu-dit à l'extrémité aval du cône de déjection où
se trouvaient autrefois deux cabanes (photo)
dont les derniers restes ont été enfouis par la lave. Il renvoie à un 'lieu
gazonné, en herbe rase'.
↑
(4)
Albert Colas, « Recherches géomorphologiques en Vallouise », Thèse de
géographie physique, Université de Lille, décembre 2000, pp. 192-193.
↑
(5)
les Escourchons = 'lieux écorchés'.
↑
(6)
Donc que l'on ne vienne pas nous redire qu'en montagne on ne construit pas sur
les cônes de déjection des torrents. Le hameau est au contraire construit entre
les différents chenaux, et il doit d'ailleurs son nom à cette situation 'entre
les eaux' (supra 1).
↑
(7)
's'abouser' = 's'étaler comme une bouse'...
↑
(8) En remontant le temps sur les
images satellites, on constate qu'en 2024 le névé s'est
maintenu toute l'année. En 2023, il a fondu complètement
vers le 10 septembre. En 2022, le vallon était
complètement sec de neige et de glace à la fin de l'été.
Il y a plusieurs années que les glaciers de Rascrouset
et de Clapouse ont complètement disparu.
↑
(9) Note (3)
ci-dessus. ↑
(10)
Les variations du niveau de certains lacs par infiltration peuvent être
importantes. C'est ainsi que le niveau du Lauvitel, sans torrent
émissaire, peut varier d'une vingtaine de mètres entre le printemps et
l'automne.
↑
__________
Liens connexes :
« La
vallée de l'Onde - Entre les Aygues », Vallouimages.
« Entre
les Aygues, note toponymique », Toponymie de la
Vallouise, Vallouimages.
« Effondrement
rocheux à Entre les Aigues dans la vallée de l’Onde à
Vallouise », Ovalp.com.
De belles et intéressantes
photos et vidéos, réalisées fin novembre à l'aide d'un
drone, qui complètent bien cet article.
...
__________
Remerciements :
Je remercie
particulièrement Jules Morand pour ses observations et pour ses photos
prises à chaud le lendemain de la catastrophe. La journée, consacrée à
l'évacuation des troupeaux, a été particulièrement pénible. Seuls les moutons
ont pu être évacués dans un premier temps. Il a fallu attendre plusieurs jours
pour l'évacuation des vaches et des ânes qui s'enfonçaient dans le sable. Des
veaux ont même dû être portés pour traverser les torrents.
__________
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