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Détail d'un vitrail de la Cathédrale de Fribourg, XVIe siècle

Abattage au feu

Abattage au feu - Traité de Lohneiss (1617)

Traité de Lohneiss, (1617)

Document CCSTI Saint-Jean

Expérience d'abattage au feu

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Un type de bûcher

Photos CCSTI Saint-Jean

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Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Expérience d'abattage au feu

Photos Vallouimages

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

L'anthracologie - du grec anthrax = charbon et logos = étude - est l'étude des charbons de bois recueillis soit en milieu archéologique, soit dans des sédimentations naturelles. Il s’agit de déterminer des essences à partir du principe de l’anatomie comparée. Ensuite, les taxons sont décomptés et leurs fréquences analysées grâce à des approches statistiques.

 Cellule de taille par le feu

Mines d'argent du Fournel - Chantier médiéval - Cellule de creusement par le feu

Chantier médiéval

Photo Vallouimages

 Galerie d'aération perchée

Vue d'en dessous

Mines d'argent du Fournel - Chantier médiéval - Entrée des vieux travaux XII  - Galerie d’aération perchée (vue d'en dessous)

Chantier médiéval

Entrée des Vieux Travaux XII

Photo Vallouimages

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L'abattage au feu

Les quartzites du Fournel  qui renferment le minerai de plomb argentifère sont parmi les roches les plus dures. Il est vain de vouloir les tailler avec un pic ou une pointerolle, même très affûtés. Le recours à la technique de taille au feu a été incontournable. Elle consiste à établir au pied du front de taille, un bûcher dont la combustion va provoquer une montée rapide en température de la roche, et, sa fissuration vers 600°C ; un phénomène appelé l'étonnement. Cette technique fut utilisée dans le monde entier depuis la nuit des temps. Grande consommatrice de bois, elle fut progressivement abandonnée suite aux conséquences de la déforestation et remplacée par l'abattage à l'explosif. Cependant, elle fut pratiquée jusqu'en 1890 dans les pays nordiques. On en connaît donc les grandes lignes grâce aux anciens traités d'exploitation.

Abattage au feu - Traité de Lohneiss (1617)

Document CCSTI Saint-Jean

Cette technique fut employée durant la phase d'exploitation médiévale des mines du Fournel. Les excavations caractéristiques, la suie qui recouvre nombre de parois, les traces de charbons de bois et les puits d'aération l'attestent largement. Jusqu'au nom de Fournel qui pourrait évoquer les 'fours' dont la fumée sortait dans les gorges.

Les charbons de bois retrouvés dans les anciens travaux du Fournel indiquent que les mineurs brûlaient principalement du mélèze et dans une moindre mesure du pin sylvestre, mais pas de sapin. Ce qui exclut l'hypothèse parfois avancer qui attribue à la mine la disparition du sapin dans le vallon, ce qui est d'ailleurs erroné. Les feuillus apparaissent très exceptionnellement même pour les périodes les plus anciennes - Xe-XIIe siècles. Ils ne sont pas exploités pour l’abattage par le feu car probablement pas ou peu disponibles dans le territoire d’approvisionnement en bois des mineurs. Ces bois pouvaient aussi être réservés pour d’autres activités moins consommatrices  - feu domestique. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un contexte de consommation industrielle du combustible même pour le Moyen Âge. Les mineurs s’adaptent donc à leurs ressources et vont puiser leur combustible là où il se trouve en abondance.

Pour en savoir plus, voir le paragraphe sur la gestion du bois à l'époque médiévale.

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu

Expérience d'abattage au feu - un autre type de bûcher

Photos Vallouimages - Janvier 2006

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Les scientifiques du service culturel municipal de l'Argentière-la-Bessée - CCSTI essaient de retrouver les techniques d'antan pour mieux comprendre le mode d'exploitation des mines à l'époque médiévale et la maîtrise du savoir brûler qui était celle des mineurs moyenâgeux.

Différents types de bûchers ont été expérimentés - 2 types distincts figurent sur les photos en marge et ci-dessus - afin d'évaluer leur influence sur l'attaque de la roche.

130 expérimentations ont déjà été réalisées permettant d'obtenir une cavité de l'ordre du m3. Dans le meilleur des cas, l'avancée pour un feu est de l'ordre de 2 cm. Pour percer cette galerie de petit gabarit, des bûches de 20 à 35 kg de bois bien sec ont été utilisées.

L'hiver apparaît la saison la meilleure pour le tirage à causes des forts écarts thermiques entre l'intérieur et l'extérieur - la température dans la mine est inférieure à 5°C alors qu'elle peut plonger dans le même temps sous les -20°C à l'extérieur. C'était le cas en janvier 2006 où les bûches se sont embrasées en quelques minutes sans fumée gênante aux alentours - voir la netteté des photos. À l'extérieur de la mine, il est frappant de voir la fumée sortir du sol par les anfractuosités du rocher et les galeries d'aération.

La température est enregistrée en continu en divers points du foyer, notamment au contact de la roche. Elle est aussi mesurée devant le foyer et en deux points distants. Le suivi de l'hygrométrie complète les mesures physiques.

Au bout d'un quart d'heure de combustion,  alors que la température atteint 450°C,  la roche commence

à étonner, éclatement sourd de la roche pouvant s'accompagner de projections de fines lames jusqu'à parfois plus de 5 mètres de distance. La température dans le foyer peut s'élever jusqu'à 800°C - 799,6°C lors de l'expérience ! Après avoir ramassé les déblais de l'étonnement, une purge au marteau abat encore autant de roche. Le tout est tamisé, calibré et, bien sûr, pesé.

Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu - Purge au marteau Mines d'argent du Fournel - Expérience d'abattage au feu - Tamisage et calibrage du minerai ramassé

Purge au marteau

Tamisage et calibrage

Photos Vallouimages - Janvier 2006

Les produits anthracologiques de l'abattage au feu sont aussi récupérés et systématiquement analysés : quantification et pesée des restes, part des différentes fractions résiduelles - esquilles, ... , examen des traces laissées par le feu  - état du charbon, vitrification, ... [Étude effectuée par Vanessa Py].

Ces reconstitutions des techniques ancestrales permettent, d'une part, d'évaluer le rôle combiné des différents facteurs - température d'abattage, hygrométrie du bois, adjuvants éventuels, ... - et leur impact respectif sur l'abattage, et, d'autre part, de retrouver le ou (les) tour(s) de main - technique de refente des rondins et d'édification du bûcher, utilisation ou pas de fagots de feuillus, ... des mineurs médiévaux. Cette connaissance acquise permettra d'aider à interpréter des indices archéologiques souvent ténus et ingrats, et, de caractériser les stigmates laissées par le feu sur les charbons.

Projet Savoir brûler, savoir gérer le combustible chez les potiers et les mineurs méridionaux (XIe - XVe siècles)

dirigé par Aline Durand - Laboratoire d'archéologie médiévale Méditerranéenne - LAMM UMR 6572 Aix-en-Provence.

 

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